07/07/2013
Puerto Rico
Quelle horreur ! Depuis fin janvier, quand nous avons quitté les USVI (Iles Vierges américaines) pour Puerto Rico, je n’ai plus eu (pris ?) de temps pour me consacrer à la rédaction de ces rapports de terre/mer que je vous envoyais régulièrement. Je constate que le dernier en date relatait notre visite de St Thomas. C’est dire si depuis lors notre beau sillage s’est étiré ! Que s’est-il donc passé ?
Procrastination due aux tergiversations avec nos jeunes qui nous pressent pour venir nous rejoindre car vraisemblablement en manque de nous ? Peut-être… Peut-être aussi l’idée de ne pas vous assommer avec toutes nos histoires de soleil et de cocotiers alors que vous étiez sous la neige dans les frimas de l’hiver ? Peut-être les deux, dans le fond !...
Début février, dirigeant notre étrave vers Puerto Rico, nous atteignons la première « Ile Vierge espagnole » : Culebra. Nous y trouverons un mouillage vraiment agréable. Très calme car bien abrité des vents dominants, le mouillage donne accès au village Dewez où l’on trouve le principal pour l’avitaillement ainsi que de sympathiques petits bars-restaurants dont le célèbre « Dinghy dock » où nous fêterons les 50 ans de Marjo. Endroit très sympathique où tout le monde se rend en dinghies auxquels un ponton est réservé. Dès la tombée du jour, des éclairage sous-marins illuminent les fonds sous les annexes et permettent de découvrir la présence d’énormes tarpons (plus d’un bon mètre) vraisemblablement là pour profiter des miettes du restaurant !
Dans ce beau et confortable mouillage, nous nous sommes posés. C’est parfois bien agréable de s’installer quelque part. Tous les jours, nous allons à terre pour faire des courses, visiter, « magasiner » (décidément j’adore ce verbe !) des cadeaux pour notre retour en Belgique, et aussi, travailler à l’entretien du bateau. La coque se charge plus rapidement en algues diverses dans des eaux à 25° au moins et, de temps en temps – l’an passé, nous l’avons réalisé trois fois – il faut réactiver le cuivre de l’antifouling (cuppercoat) dont est recouverte notre coque depuis maintenant cinq ans. Le confort de ce mouillage réside encore dans la possibilité à peu de frais de capter Internet sur le bateau.
15:08 Écrit par Otter2 dans Journal de bord, Rapport de terre/mer | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
Fin janvier 2013
Quittant Cruz Bay, port d’entrée où nous avions atterri le 10 janvier (v. rapport de terre/mer II.6), nous avons fait le tour de l’île par le N afin de nous rapprocher de l’Otter Creek. Le lecteur comprendra pourquoi. Comme les instructions nautiques nous donnent ce mouillage comme autorisé uniquement le jour, nous allons mouiller notre ancre à proximité : à Coral Harbour. Déjà au mouillage, nous remarquons que la fréquentation est quelque peu « babacool », les bateaux voisins étant plus baroudeurs que plaisanciers avec quelques autres qui tendent plutôt au statut d’épave qu’à celui de bateau ! A terre, ce sera la même tendance. Assez curieusement, la population à majorité blanche semble être là comme perdue, vivant à première vue principalement d’artisanat. On y voit un homme retapant une vieille jaguar dans un abri fait de tôles et de vieilles planches dont l’écriteau annonce : « The gallery », des bars dépeuplés, de rares noirs occupés à l’entretien des endroits publics, des rastas désoeuvrés, et des biquettes partout en liberté… Toujours en quête de connexion Wifi, nous irons prendre la température locale en buvant une bière dans l’un de ces bars où nous rencontrerons Pirat Bill, vieil homme aux pieds nus et cheveux longs, préparant à la vente des T-shirts à son effigie, dix ans plus jeune ! Sûrement sa seule source de revenus. Ces gens sont pauvres mais semblent assumer cela comme un art de vivre ! Aux alentours, égrainées à flanc de colline, des villas assez cossues contrastant avec les constructions littorales. Un endroit assez pittoresque. Nous y verrons aussi un pêcheur noir étripant le produit de sa pêche dans l’eau au bord d’une petite plage de galets et faisant ainsi le bonheur de dizaines de frégates venant prélever ces restes de leur vol majestueux. C’est là que nous verrons aussi n’en croyant pas nos yeux, un tarpon (c’est du moins ce que nous avons cru voir) qui, attiré également par cette nourriture providentielle, venait tellement près du bord qu’il découvrait une bonne partie de son dos, sa nageoire dorsale complétement hors de l’eau. Il devait faire ses deux bons mètres !
Avant d’abandonner Cruz Bay, le prof retraité que je suis ne peut passer sous silence l’importance donnée ici et partout d’ailleurs dans les îles à l’Education (voir photos ci-contre et pêle-mêle en fin de rapport).
Dimanche 20/1/2013 : Otter Creek
Ayant fait le tour de Coral Bay, nous levons l’ancre pour visiter « notre » crique : Otter Creek qui n’a d’intérêt – nous le découvrirons par la suite - que l’homonymie avec notre bateau. Nous sommes toujours dans le parc national et donc sur bouée. L’eau y est claire sans plus. L’endroit est isolé et bordé d’une mangrove peu profonde. Pas de moustiques ! Le temps est nuageux avec tendance aux grains mais l’endroit est tellement protégé que la surface de l’eau est très calme et nous incite à une séance de « snorkelling » qui sera écourtée par le peu de choses à voir sous l’eau. Aussi étonnant que cela puisse l’être, certains endroits semblent ainsi abandonnés par Mère Nature alors qu’à première vue, il paraissent paradisiaques. L’endroit l’est sans conteste mais c’est sous l’eau que, curieusement, le contraste sous-marin est surprenant.
Nous larguons donc assez rapidement notre bouée et nous dirigeons vers Great Lameshur Bay. C’est sur bouée dans cet endroit que nous avons vécu – j’ajoute jusque là car depuis, nous avons encore trouvé mieux ! - les meilleures conditions de mouillage. Pas la moindre vague. L’Otter II est immobile faisant face à l’alizé qui reste présent mais apaisé pour la nuit. Pas le moindre bruit hormis celui des animaux qui, dans le maquis voisin déploient leur trépidante vie nocturne. Une nuit de rêves. Un endroit inoubliable entourés que nous étions de voisins aussi respectueux que nous de la paix de ce magnifique environnement.
Lundi 21/1/2013 arrivée à St Croix
Partis de Lameshur Bay assez tôt le matin, nous traversons vers St Croix distante d’une trentaine de milles et arrivons à Christansted Bay en début d’après-midi. Comme la consonnance de ce nom l’indique, l’architecture de la ville est tout simplement nordique. On se croirait au Danemark ! Et dans les rues, nous sommes souvent interpellés par des racoleurs qui travaillent pour des restaurants ou autres magasins de souvenirs qui nous demandent : « Are You danish ? ». Ces gens sont pour la plupart de race blanche. Il y a peu de noirs qui semblent confinés dans les taches subalternes. On ressent encore beaucoup la présence danoise dont l’île a été la propriété, achetée à la France en 1733 pour la somme de 750 000 livres. Alors que depuis 1917 l’île est devenue territoire américain, la présence danoise reste évidente notamment à travers les nombreux touristes danois qui y affluent. Monuments et graffiti répartis dans la ville rappellent les terribles événements liés aux luttes des noirs contre l’esclavage dont une femme, la « Queen Mary » fut en 1878 l’héroïne.
Chaque fois que nous en avons l’occasion, nous visitons les îles en empruntant les bus locaux. Ils sont tellement différents ! Nous nous sommes ainsi retrouvés assis dans des bus tellement vétustes que le conducteur ouvrait et fermait les portes avec des ficelles ! C’était à St Martin. Dans les îles, les bus comme nous les connaissons en Belgique, font place à des gros pick-ups à long chassis dont la benne arrière, sans portières, est aménagée de plusieurs banquettes. Ces « safari taxis »,selon l’île où on les rencontre, sont soit rutilants et bichonnés comme des sous neufs soit bringuebalant attendant avec lassitude qu’on les envoie enfin se reposer dans un cimetière de voiture. Nous avons eu l’occasion d’en fréquenter toute la gamme et ceci toujours avec un plaisir fait de surprises diverses. Pour ne citer que ces deux-ci, je retiendrai la façon avec laquelle le conducteur gère le prix de la course. Il conduit de la main gauche principalement, la droite contenant une liasse de dollars. Les passagers lui font signe et montent. Lorsqu’ils sont arrivés à destination, soit ils le signalent au conducteur en utilisant un interrupteur placé au plafond (cela pour les « taxis » en bon état !) soit ils interpellent le chauffeur en haussant la voix et prononçant quelques mots le plus souvent incompréhensibles. Le chauffeur s’arrête et le passager descend. Il passe ensuite à côté du chauffeur et, sans un mot, lui donne le prix exact de la course. Le plus souvent un billet de 1$. Il tourne alors le dos et s’en va sans un regard pour le conducteur qui poursuit alors sa route. Vous dire comment il fait pour vérifier le juste payement de tout un chacun reste pour nous un mystère ! Peut-être compte-t-il sur l’honnêteté des gens ? Personnellement, je n’ai remarqué aucun resquilleur. N’est-ce pas magnifique ?...
Le deuxième exemple concerne la vocifération du prêcheur qui nous accompagna durant toute la traversée de l’île. Le chauffeur avait branché sa radio de façon à ce que tous ses passagers « profitent » de la religieuse leçon du prêcheur qui s’en donnait à cœur joie pour fustiger dans des termes très sévères les pauvres pécheurs que nous sommes. C’est incroyable comme cela n’étonne pas les passagers qui, s’ils n’écoutent pas tous, n’en témoignent pas le moindre agacement. Il n’est pas rare de lire là où, chez nous, on verrait des publicités, une ou l’autre phrase extraite de la bible ou l’un ou l’autre appel à la croyance en Jésus. Petit à petit en fréquentant les îles, nous apprenons à entendre sans plus nous en étonner des « God bless you » qui nous sont adressés après le traditionnel « Hi, how are you » déjà mentionné et le « where are you come from ? », très contrastant avec nos coutumes européennes. Et pour conclure le chapitre « religion », je signalerai la présence de nombreuses églises toutes chrétiennes mais de confessions différentes qui se côtoient sans problème l’une étant parfois édifiée en face de l’autre ! Cette omniprésence religieuse se remarque également aux grandes croix dorées pendant autour du coup de très nombreux autochtones. Dernier constat : pas de foulard, pas de mosquée… Je relèverai encore pour être complet au chapitre « religion » et en clin d’œil, la présence de nombreux adeptes du « standup paddle boarding » qui laisse à penser en les regardant de loin que, imitant Jésus, ils marchent sur l’eau !
Jeudi 24/1/2013 arrivée à St Thomas
L’entrée de la rade de St Thomas Harbour est assez étroite pour laisser passage aux grands navires de croisière qui sont omniprésents dans ce port franc qui les attire comme des mouches sur… « you see what I mean ». Ils s’y retrouvent parfois à cinq ! Trois à quai, deux au mouillage ! On peut donc dire qu’il y a du mouvement dans la rade et donc que pour y rentrer, il ne faut pas qu’un de ces buildings de la mer décide de sortir quand vous arrivez !
J’écris buildings car, rappelez-vous l’épisode love boat de Bonaire, ces navires y étaient nettement plus petits !
Fort heureusement, lors de notre arrivée, la voie était libre et nous pûmes ainsi tranquillement mouiller à quelques encablures seulement de la marina. Celle-ci est envahie de super méga yachts, tous amarrés aux pontons protégés par des portiques à fermeture électronique et où des écriteaux interdisent de prendre des photos ce qui est une fort bonne chose en soi car c’est vraiment agaçant, à la fin, de se voir tout le temps poursuivis par ces paparazzi qui ne respectent pas votre vie privée ;-) !...
Nous voilà donc descendus à terre à Charlotte Amélie. Nous n’avons encore jamais vus d’endroits, sauf peut-être à Anvers, où se concentraient autant de richesses ! Plusieurs rues ne sont bordées que de boutiques où se vendent bijoux, montres, et autres articles de luxe. On se fait racoler presque systématiquement et ici également, et plus encore ici qu’à Bonaire, les croisiéristes font la pluie et le beau temps ! Vous imaginez la ville sans un navire de croisière à quai et la ville avec cinq fois deux mille croisiéristes qui débarquent avec leur pouvoir d’achat. Ce que j’ai décrit à Bonaire est ici une réalité exposant dix ! C’est tout-à-fait stupéfiant…
Et là, dans ce feux d’artifice d’articles de luxe où ROLEX – et ce n’est qu’un exemple - se permet de monopoliser une seule boutique pour exposer tous ses modèles, Jean trouvait que ses cheveux devenaient décidément trop longs !... Nous éloignant de l’effervescence de ces grandes rues commerçantes et découvrant ainsi les petites ruelles réservées au calme de la vie citadine au quotidien, nous découvrons enfin un petit salon de coiffure où nous nous hasardons. Quand il faut y aller, il faut y aller ! Le figaro noir nous accueille avec un sourire de « hair killer » qui en dit long sur mon envie de foutre le camp ! Mais bon… Je lui laisse une chance et m’installe dans le fauteuil du condamné non sans appréhension car vous savez tous combien je tiens à mon avantage capillaire ! Et là, le choc… J’ai cru que j’allais défaillir car le quidam s’empare de sa tondeuse et me demande non pas ce qu’il doit laisser mais ce qu’il doit couper ! Enfin, c’est ce que je comprends et je lui dis de couper l’épaisseur de deux doigts. Marjo, hilare, observe lâchement son mari se battre pour défendre sa grise chevelure. Elle me dira plus tard qu’il n’était plus possible de reculer donc… Voilà notre coiffeur qui se met au travail. Je venais de voir le film Brubaker où Robert Redford glisse deux dollars au coiffeur pour qu’il lui laisse les oreilles ! Je vous assure que j’ai vu chaque mèche de cheveux tomber comme au combat tant j’entendais et ressentais la désagréable sensation d’être tondu comme un mouton ! Et c’est bien ce qu’il arriva à faire. Je me retrouvai dans la rue, délesté de 15 $ et complétement rasé encore que si mon fils Julien et mon beau-frère me voyaient, ils diraient que je m’en suis encore bien sorti ! fin de l’épisode.
Avant de conclure ce rapport, il faut encore mentionner la rencontre au mouillage de « Sweet Madam Blue », bateau dont le sympathique couple de canadiens vint nous saluer pour nous demander si nous captions Internet, préoccupation au quotidien de nombreux navigateurs. Ils m’avaient en effet vu essayer de me connecter – sans succès mais cela, ils ne le savaient pas ! - depuis le siège de poupe de notre bateau. Après avoir fait connaissance et nous être invités mutuellement pour les traditionnels apéros entre globe-flotteurs au cours desquels un tas d’informations furent partagées, nous échangeâmes nos coordonnées non sans nous être aperçus que nous avions des connaissances communes : nos charmants amis Josiane et François de Umialtak ! Décidément, le monde de la voile est très petit ! Et ces charmants navigateurs de nous inviter à venir les visiter à Montréal.
A propos, c’est loin, Montréal ?...
(à suivre)
15:06 Écrit par Otter2 dans Journal de bord, Rapport de terre/mer | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
16 janvier 2013
Mercredi 16 janvier 2013
Quittant Tortola, nous mettons le cap sur Jost van Dijk, dernière île du groupe anglais des BVIs. Nous ne pouvons pas y manquer le magnifique et surtout célèbre mouillage de Great Harbour au fond duquel se trouve le Foxy’s bar, réputé dans toute la Caraïbe pour son ambiance relevée au quotidien par la présence charismatique de « Foxy » son propriétaire et de sa guitare. C’est un peu le « Peter Café Sport » des BVIs.
La baie est magnifique, cernée par une plage de rêve avec sable blanc, cocotiers et les éternels pélicans et autres frégates qui animent la baie de leurs incessants plongeons à la recherche de poissons dont ils font une consommation gargantuesque. Surtout les pélicans ! Il faut voir les énormes poissons qui, après un bref séjour dans la poche que ces beaux oiseaux possèdent sous le bec, sont avalés entiers en moins de temps qu’il faut presque pour être pêchés. Incroyable ! On se demande comment ils parviennent à digérer tout cela…
L’endroit possède néanmoins l’inconvénient d’avoir des emplacements d’ancrage de très mauvaise tenue. Les fonds laissés par les zones réservées aux bouées sont constitués de corail mort et émietté. Cela ressemble à du sable vu de la surface mais lorsque l’on va y voir de plus près avec masque, palmes et tuba, on constate que les ancres ne s’y accrochent que difficilement. Elles ne pénètrent pas, elles crochent et décrochent lentement mais sûrement si bien qu’après une nuit au cours de laquelle nous remarquerons avoir quelque peu reculé, nous choisirons la sécurité malheureusement payante du « moorings ». Mais il n’y a pas que Foxy comme curiosité dans cette île (voir photo ci-contre ;-)
Quittant Great Harbour et forts de nos visas, direction les USVIs et Cruz Bay que nous connaissions déjà pour y être venus en ferry. Après renouvellement du rituel « Customs » avec vérification des visas, empreintes digitales et photos, nous sommes acceptés sur le sol américain. Je devrais plutôt écrire accueillis car une fois passé l’épisode hyper sérieux de la douane, l’atmosphère se détend dans des « enjoy your stay » accompagné de ce sourire caraïbe inimitable.
Trouver une place d’ancrage à Cruz Bay est loin d’être évident. Les différents ferries qui entrent et sortent du port provoquent des vagues telles que tout mouillage à proximité du chenal est franchement inconfortable. Aussi, après une première nuit assez agitée, ancrés que nous étions à la sortie du port, nous envisageons de déménager de l’autre côté. Nous ne pouvions en effet pas nous éloigner de la ville car nous devions nous procurer carte de téléphone (magasins fermés samedi et dimanche) et accès à internet pour joindre les enfants. La communication reste en effet pour nous une préoccupation permanente…
Nous décidons donc de déplacer l’Otter au sud de l’entrée de Cruz Bay où il nous semblait, d’après les instructions nautiques, que l’endroit serait plus tranquille. Ce que nous faisons sans problème, l’ancre crochant au premier essai. Parcourant le rivage avec les jumelles, je fais remarquer à Marjo un écriteau indiquant « Dangerous anchorage : underwater cable » qui provoque chez moi une immédiate et désagréable sensation de stress assez primaire dans le fond. Un peu du style « si j’aurais su, j’aurais pas venu ! » Marjo, zen, me dit que le câble est probablement en face de l’écriteau et que notre position en est quand même il est vrai assez éloignée. Voulant en avoir le cœur net, j’enfile mes palmes et avec masque et tuba, je saute dans l’eau pour vérifier l’ancre. Vue de la surface, celle-ci est enfoncée à 5-6 mètres de profondeur dans du sable parsemé d’herbes qui laisse à penser que nous sommes en sécurité. Voulant néanmoins en avoir le cœur net, je plonge et me rapproche de l’ancre dont je distingue mieux la trace du chemin parcouru avant de s’enfoncer et là, horreur !, je remarque qu’elle est passée sur un énorme câble qui ne peut être que le fameux câble électrique ! L’ancre est enfoncée dans le sable à peine un bon mètre derrière lui. Inutile de dire qu’à peine remonté, je décidai de quitter le mouillage et que l’ancre une fois relevée ce fut avec soulagement que nous décidâmes de ne plus tergiverser et de nous diriger vers la zone de mouillage payante cette fois mais où nous étions certains d’être en sécurité. De là, nous ne mettions qu’une dizaine de minutes pour rallier Cruz Bay avec l’annexe. C’est ainsi que nous pûmes non seulement visiter la ville mais encore y effectuer notre approvisionnement et partir en taxi pour une visite guidée de l’île des plus sympathique.
Quittant Canneel Bay, nous remontons la côte vers le NE, découvrant toute une série de petites baies toutes aussi merveilleuses les unes que les autres et décidons de nous arrêter à Maho Bay, extraordinaire endroit découvert la veille lors de notre randonnée en taxi. Nous nous plaçons directement sur bouée. Nous sommes toujours dans le parc national qui est propriétaire de tous les « moorings ». Ils sont tous payants. J’y reviendrai (voir note en bas de page). Ici, tout est protégé. Pour accéder à la plage avec un groupe de plus de 9 personnes, il faut un permis délivré par les agents du « National Park ». Il est vrai que cette plage est magnifique ! Elle est protégée au point qu’elle doit être libérée dès 16h30. Des tortues viennent en effet y pondre toute l’année. Il est bon de savoir que l’île a été la propriété de Laurence Rockefeller qui en a fait cadeau a l’état américain en échange de l’assurance que celui-ci en ferait un parc national à perpétuité ce qui fut fait et, il faut le souligner, bien fait. Les poissons sautent partout, les tortues viennent régulièrement respirer à proximité du bateau. Les pélicans sont tellement habitués aux « snorkellers » qu’ils pêchent à proximité sans aucune retenue ! A Cruz Bay, alors que nous faisions aiguade, j’étais accroupi devant le nable du réservoir quand un OVNI tomba du ciel en me frôlant à tel point que j’en ressentis le déplacement d’air. Sursautant, j’en fis un saut de côté en m’apercevant que c’était un pélican qui avait plongé, je lançai : « Ah le con !!! » tellement cet impertinent m’avait surpris… (à suivre…)
15:03 Écrit par Otter2 dans Journal de bord, Rapport de terre/mer | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
5 janvier 2013
Samedi 5 janvier 2013
J’avais laissé le récit de nos aventures à Spannish Town, câble d’inverseur dûment remplacé. Le lendemain on lève l’ancre pour la visite de Devil’s Bay and the Baths. L’Otter sur bouée, c’est en confiance que nous prenons l’annexe et nous dirigeons vers la grève. Arrivés à la limite de la zone de baignade, c’est à la pagaie que je dépose Marjo sur la plage et reconduit le Zodiac hors zone de baignade pour revenir ensuite à la nage. C’est ici la règle ! La baignade étant un grand plaisir, pas de problème, je m’y colle ! Dépêchons-nous de visiter ce pittoresque endroit avant de devoir le faire à la queue leu leu ! Mais comment vont-ils arriver jusqu’à la plage tous ces touristes ? Ont-ils le privilège d’être déposés sur la plage, eux ? Que nenni, nous les voyons contraints d’enfiler le gilet de sauvetage réglementaire et avec –quand même- un petit sourire, se mettre à l’eau et venir vers la plage en barbotant, tout jaunes qu’ils sont comme des petits canards ! Quand je pense qu’on a même pas eu le réflexe de prendre une photo de cet insolite débarquement !... Précédant donc ce grand groupe, nous parcourûmes le dédale des roches semblant avoir été jetées dans l’eau par un géant. L’ambiance, la résonnance des sons, la lumière se faufilant entre les pierres pour mettre en évidence la couleur turquoise des eaux, la déambulation faite d’escalades et de descentes dans un véritable circuit semi-sous-terrain valaient vraiment le détour. Revenus sur la plage, nous nous sommes hâtés pour retourner à bord, évitant ainsi les petits canards qui commençaient à affluer. C’était décidément une bonne idée de s’être levés suffisamment tôt pour éviter une visite trop « accompagnée »…
De Devil’s Bay quelques miles seulement nous séparaient du mouillage prévu pour les nuits suivantes : formant la partie NE de Gorda Sound, Prickly Pear Island nous abrita de l’alizé pendant trois jours au cours desquels nous fîmes la découverte en annexe d’endroits magnifiquement organisés autour, pour Bitter End Resort, d’un hôtel particulièrement bien intégré à l’environnement. Des bungalows en bois et toits en tuile de bois également, sont ainsi dispersés à flan de colline et reliés entre eux par des escaliers, sentiers et passerelles du plus bel effet. On s’est promenés dans ces petits chemins fleuris qui respiraient la tranquillité et la douceur de vivre avec d’autant plus de plaisir que nous étions salués à chaque rencontre par un sympathique « good morning ! » tant par le personnel de l’hôtel que par les clients ou autres promeneurs. Difficile d’ailleurs de dire où commençait et finissait le territoire hôtelier, l’ensemble des habitations étant si harmonieusement disposées et construites. Une bien belle réussite architecturale !
Le lendemain, à l’ouest du Sound, Leverick Bay nous accueillit également. Un peu moins cossu, le petit port n’en a pas moins de charme et là encore nous pûmes nous féliciter de l’accueil reçu. Que de beaux et sincères sourires de bienvenue !
Mais ces endroits ont beau être accueillants, notre voyage continue. Nous devons avancer et le réveillon de nouvel an approche. Nous levons donc l’ancre pour l’incontournable Peter Island (comment passer à côté d’une île ayant pour nom le prénom de mes beau-père et beau-frère ?!) que nous atteignons après quelques heures d’une navigation toutes voiles dehors au grand largue, l’Otter II donnant à cette allure sa pleine puissance. Un grand moment de bonheur sous le soleil Caraïbe. Au terme de cette belle navigation, nous mouillons dans Deadman Bay, petite crique au N de Peter Island. Magnifique mouillage dont la tranquillité nous fut comme un cadeau de réveillon. A minuit, nous n’étions plus que trois voiliers au mouillage pour assister au magnifique feu d’artifice tiré du rivage de Tortola. Le bouquet final à peine éteint, nous plongeâmes sur nos couchettes, heureux de notre réveillon passé tranquillement à bord de notre compagnon de voyage. Le lendemain, direction l’île au trésor : Norman Island de son vrai nom. Mouillage sur bouée uniquement (35 $ la nuit et, à terre, un vrai piège à touristes !) Ha, si Stevenson avait pu prévoir ce que le tourisme ferait de « son » île !... Je peux bien dire que de là, nous nous sommes sauvés ! Direction NO vers Soper’s hole sur l’île de Tortola, le port d’où nous comptons prendre le ferry pour l’Amérique ou plus précisément les US Virgin Islands. Pour poursuivre notre route à travers les USVIs et Porto Rico, il nous faut en effet obtenir un visa que nous aurions pu demander avant de quitter la Belgique mais pour cela, il aurait fallu que nous sachions que nous allions modifier notre programme. Seul un aller-retour en ferry dans les USVIs, muni d’une autorisation ESTA obtenue sur Internet, permet de se le procurer. Donc, après avoir pu vérifier la tenue de notre ancre, nous laissons là notre Otter et nous dirigeons vers l’embarquement pour l’Amérique. Cela semble tout simple et cela me semblait également ne pas relever de l’exploit. C’est donc en toute confiance que je m’étais fait tout beau en enfilant mon plus beau short Le Glasik bleu marine et un beau polo orange du plus bel effet. Je ne pense évidemment pas que le passage par l’immigration va être organisé comme pour un départ en avion ! Aller en Amérique, ça ne rigole pas ! Me voilà donc franchissant le portique de détection de matériel illicite après m’être débarrassé de mon portefeuille, montre, etc. Bref tout le cinéma habituel. C’est alors que déposant ma ceinture dans le plateau, je m’aperçois que j’ai laissé mon couteau qui y est attaché. L’air de rien, je dépose le tout dans le plateau et passe le portique. Marjo dont je croise le regard commençait déjà à transpirer quand le préposé me demande ce que c’est que cet insolite objet. Placé dans son étui c’est en effet très difficile de savoir qu’il s’agit d’un couteau. « What’s this ? » dit le préposé en se saisissant de l’objet. « It’s my knife » réponds-je comme si le garder me paraissait tout à fait normal. « No, no, no. It’s impossible !!! » répond l’officier, l’air aussi offusqué que le mien était étonné. Je le voyais en effet, mon couteau en main, prêt à le fourguer dans sa poche et retourner chez lui content de sa bonne journée de travail. C’est alors que Marjo sauva la situation en proposant dans son anglais dont les progrès sont en plein galop, que le couteau soit confié à la préposée aux billets jusqu’à notre retour, ce qui fut fait à mon grand soulagement. Je parvins quand même à dire en riant à la jolie préposée : « It’s not for your man !!! It’s mine… » et Marjo d’ajouter car elle craint par dessus tout les répercussions de mon humour quand je l’exprime en anglais !!! « It’s a gift ! »… « No problem, I keep it » répondit la dame. Fin de l’épisode. Ou presque car à peine assis sur le banc du ferry, Marjo me grondait pour ma désinvolture qui aurait pu nous coûter… mon couteau !...
Notre court séjour aux USVIs se passa sans problème. Nous y obtînmes le fameux visa et cela pour une durée de deux mois. J’y laissai mes empreintes digitales (les dix doigts !), la photo de ma tête sans les lunettes et quelques dollars. J’en rapportai des images, une ambiance, le souvenir d’une belle promenade littorale en attendant le retour du ferry. Le soir, nous revenions à bord de notre Otter, tout content de le retrouver tel que nous l’avions quitté. Et ce matin, après un dernier passage en ville pour poster les cartes et communiquer une dernière fois avec les enfants et la maman de Marjo, départ pour Cane Garden Bay, magnifique petit mouillage en face d’une belle plage de sable fin plantée de nombreux cocotiers. Il est 2035 h locales. L’alizé est toujours soutenu entre 15 et 25 nœuds dans les rafales. L’ancre est bien enfoncée dans un sable de bonne tenue. Nous sommes donc en sécurité. Le ciel nuageux nous plonge dans une nuit très noire d’où seules émergent les lumières des bars-restaurants installés en bord de plage. Une musique rythmée se bat avec l’alizé pour nous parvenir, les basses y réussissant mieux que les autres. Pas de quoi nous empêcher de dormir. L’éolienne travaille bien à la production de notre électricité. Tout est calme. Il fait doux. Je suis encore en maillot. La vie est belle à bord de l’Otter II.
(à suivre…)
15:01 Écrit par Otter2 dans Journal de bord, Rapport de terre/mer | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
janvier 2013 retour à St Martin
Bonjour à toutes et tous…
Il est bien difficile de reprendre le cours de notre voyage en cette période des fêtes où l’échange de courriel a été et reste tel que des redites seront inévitables mais, peut-être qu’à travers ce rapport, certain(e)s d’entre vous pourrez vous rendre compte combien la narration d’événements peut prendre d’autres teintes, rendre d’autres impressions, bref, être différente avec le recul ou tout simplement l’état d’esprit dans lequel elle est rédigée. De plus, relisant ce nouveau rapport, je me rends compte que certains aspects techniques de notre aventure pourraient n’intéresser que certains d’entre vous. Aussi, pour ne pas en imposer la lecture, j’indiquerai ces passages plus techniques en les colorant en bleu. Ainsi, le lecteur pressé pourra les passer, les « zapper » plus précisément et s’épargner ainsi un temps de lecture.
Aux dernières nouvelles, nous savourions nos magnifiques plongées à Bonaire en attente d’une fenêtre météo qui, bien que nous n’espérions pas une petite brise de sud ouest, situation quasi inexistante dans cette zone où l’alizé de NE règne en maître, aurait pu dégager quelques jours de temps plus calme nous facilitant le retour à l’endroit où nous avions quitté l’an passé notre remontée de l’arc antillais : St Martin. Drôle d’idée ! Penserez-vous ? L’option classique, compte tenu des conditions de navigation optimales pour un voilier aurait été de rester sur notre programme de départ et filer sur la Jamaïque et Cuba. Cela, c’était sans compter sur la rencontre à Bonaire de copains navigateurs Eva et Jean-Luc, dont nous avions fait l’agréable connaissance l’an passé à Lanzarote. Ils naviguent sur un très beau super maramu de chez Amel. Au cours d’un « happy hour » à notre bord, ils nous disent qu’ils doivent retourner à St Martin avec leurs deux petites filles qui vont bientôt les rejoindre par avion. Ils semblent ne pas trouver la traversée irréalisable. Ils en ont déjà l’expérience. Tiens-donc, me dis-je : « si ils l’ont fait, c’est que c’est possible ! » Sans presque nous concerter, Marjo et moi avons su presqu’immédiatement qu’on allait le faire ! D’abord parce que nous avions cherché sans succès à remplacer l’appareil photo malencontreusement noyé à Barbuda (voir rapport de terre/mer II.3), ensuite parce que, en mai passé, nous avions dû écourter quelque peu notre remontée de l’arc antillais laissant à regrets nos amis canadiens d’Umialtak poursuivre leur route de retour au pays en visitant sans nous notamment les Iles Vierges britanniques et américaines… Quoique très heureux de rentrer au pays, je m’étais dit que c’était dommage et un petit regret s’était installé. Aujourd’hui que nous y sommes arrivés, je suis tout à fait convaincu que ce regret était justifié. Les Iles Vierges dont nous entamons tout juste la visite sont incroyablement belles…
Mais n’anticipons pas. Il nous faut encore traverser ! Le dire, c’est une chose. Le faire, c’est autre chose ! Il ne faut pas rater notre coup… Après quelques jours d’attente passés en réalisant nos dernières très belles plongées à Bonaire, nous voyons une accalmie se pointer et nous nous lançons. Les deux premiers jours, nous faisons de l’Est en nous appuyant sur le moteur. Il y a peu de vent que nous remontons à 20° du vent apparent. L’alizé très modéré est ENE et tourne parfois à l’Est ce qui est tout bon pour nous. On se prend à rêver qu’on va se faire cette traversée, vous savez, comme on dit : les doigts dans le nez ! Cela, c’était sans compter sur les caprices de la météo. Le troisième jour, la mer se creuse, l’alizé se renforce. Il monte à 20 nœuds mais fort heureusement pour nous, il reste ENE plutôt que NE ce qui nous permet de continuer notre remontée mais cette fois sous voiles seules car la mer est trop creusée pour risquer de solliciter le moteur, celui-ci n’appréciant pas trop de tourner quand le bateau est à la gîte ce qui est inévitable lorsque l’on navigue au plus près du vent. C’est ainsi, par un alizé établi de 25 nœuds, rafales à 30 nœuds et mer bien creusée que notre brave Otter II nous a emmenés jusqu’à la latitude des Iles Vierges britanniques que nous avons donc déjà aperçues avant de mettre le cap sur St Martin. Pour cela, virement et après un très long bord au près serré, atterrissage comme prévu. Le soleil se couche. Il est 1800h locales. Nous sommes fourbus mais heureux d’être arrivés, aspirant ardemment à la tranquillité du mouillage et au repos bien mérité…
Mais non ! Cela eut été trop beau !!! A peine les voiles affalées, le moteur cafouille, s’arrête et refuse de redémarrer ! Avec des rafales à 35 nœuds, sans l’appui du moteur, impossible de renvoyer la grand voile dont les lattes s’emmêlent dans les lazy jacks. Que faire ? On dérive vers le large donc là, pas de danger. Je plonge dans le moteur, constate que le pré-filtre du gasoil est complétement encrassé. Je le démonte, le vide, le nettoie, remplace le filtre papier et remonte le tout alors que le bateau bouchonne harcelé qu’il est par les bourrasques de cet alizé qui reste bien soutenu. On relance le moteur… Rien à faire. Il refuse tout service. Que faire ? On consulte la carte et notre position. Avec ce vent, impossible d’atteindre la baie de Philippsburg où nous comptions jeter l’ancre. On risque Simpson Bay. Cela nous paraît réalisable. Nous déroulons une partie du yankee et faisons route. Le mieux que nous arrivons à faire, c’est 60° du vent apparent et, sous cet angle, nous devrions pouvoir atteindre notre objectif. La dérive nous empêchera d’y arriver en un seul bord et ce n’est qu’à minuit que notre ancre fut posée par 10 mètres de fond en plein milieu de la baie. Nous étions arrivés ! Je dois bien avouer qu’il ne nous fallut guère de temps pour nous jeter sur nos couchettes et nous endormir profondément.
Le lendemain, avec le dinghy, nous sommes allés chercher du mazout propre afin de relancer le moteur au départ du bidon. Nous croyions avec quand même un certain scepticisme, que comme le pré-filtre que j’avais nettoyé ne se remplissait pas, nos réservoirs étaient vides et que c’était la raison pour laquelle, le moteur refusait de redémarrer. Revenus à bord, nous raccordons le moteur au bidon, réamorçons le moteur en purgeant la pompe et les injecteurs et relançons sans problème le moteur qui semblait n’attendre que cela ! Ainsi, de nouveau motorisés, nous relevons l’ancre et venons remouiller dans la zone d’ancrage proprement dite et non au milieu de nulle part où nous avions dormi !... L’aventure continue.
Là, inspection générale à la recherche de la vérité… Ouverture des réservoirs qui se révèlent encore à moitié et aux trois-quarts pleins ! Démontage des tuyaux… Tous sont colmatés par une boue immonde.
Et alors ?
Et alors ?!...
E E…
Et bien Zorro n’est pas arrivé et il a bien fallu que votre serviteur le remplace. Il faut dire que j’ai eu pour ce faire une assistante de première force ! Avec son aide donc, je nettoyai à la main le fond du réservoir où s’étaient accumulés tous les dépôts, le bras plongé dans le mazout jusqu’au biceps. Une fois cela réalisé, je passai la main sur les parois des réservoirs et m’aperçus que une sorte de mare (comme ce qui fait le vinaigre dans un vinaigrier) tapissait par plaques les parois des réservoirs. Là encore, me servant de la main comme d’une pelleteuse, je remontai une grande partie de toute cette m… qui encrassait les réservoirs. Restaient les tuyaux que nous avons débouchés à l’aide de la pression d’une de nos bouteilles de plongée. Renettoyage des filtres, remplacement de tous les pré-filtre et filtre. Ouverture des vannes de nos réservoirs. Nouvelle purge de la tête de pompe et… redémarrage. Notre Yan ronronna alors de bonheur tout content qu’il était de pouvoir enfin consommer un gasoil correct. Il ronronne toujours et semble fort satisfait du pré-filtre supplémentaire que nous avons ajouté au circuit afin de prévenir une éventuelle récidive. Suivant les conseils d’un spécialiste interrogé à ce propos, nous avons prolongé le nettoyage mécanique des réservoirs par un nettoyage chimique par addition d’une assez grande quantité d’un produit spécial qui a la propriété de dissoudre toutes les particules en suspension dans le gasoil. Nous sommes ravis de constater que le gasoil qui arrive maintenant dans le pré-filtre est clair et sans résidus ! Fin de l’épisode…
Au cours de notre agréable séjour à St Martin et plus précisément à St Maarten que nous avons rallié une fois nos ennuis moteur oubliés, nous avons retrouvé Rêve de lune (vous vous rappelez, Eva et Jean-Luc sur leur super maramu rencontré à Bonaire). Ils nous ont précédés de deux jours sur le même trajet. N’ayant pas réussi non plus à rallier St Martin sur un seul bord, ils ont choisi l’option de faire escale à l’île Norman (l’île au trésor de Stevenson) dans les BVI puis de rejoindre St Martin le surlendemain sur l’autre bord. Comme nous, ils ont avoué que ce ne fut pas une traversée de tout repos et un grand éclat de rire fusa lorsque j’avouai à Jean-Luc que c’était un peu à cause d’eux que nous étions arrivés ici car… si ils pouvaient le faire et l’avaient déjà fait… Pourquoi pas nous ?!
Nantis donc de toute une série de pièces de rechange et autres nécessaires pour l’entretien de notre maison flottante (St Maarten pratique des prix hors taxe défiant toute concurrence), nous nous sommes mis en route pour les BVI. La météo annonçant une dégradation qui allait s’accentuer au cours de la semaine suivante, nous prîmes le risque d’anticiper cette dégradation en filant vers le Nord nous mettre à l’abri des BVI. L’alizé était soutenu entre 15 et 25 nœuds ce qui nous permit d’arriver à Virgin Gorda , une des principales îles du groupe après une nuit sportive où l’Otter II ne descendit pas sous les 7 nœuds ! Le jour se levait lorsque nous y jetâmes l’ancre, certes fatigués (On ne dort pas beaucoup lorsqu’on ne passe qu’une seule nuit en mer) mais déjà émerveillés par la découverte autour de nous et surgissant de l’aube, d’un paysage digne d’un conte de fées où il serait question de pirates et autres histoires de flibustiers. L’aventure continue !...
Lundi 24 décembre.
Levés de bonne heure, nous décidons de chercher un petit mouillage tranquille pour passer le réveillon. Nous ne cherchons pas bien loin. Nous nous mettons d’accord pour Savannah Bay et ce, bien que l’entrée soit annoncée difficile (il faut se faufiler entre la côte et une barrière de corail parallèle à celle-ci). Le temps est ensoleillé, l’alizé certes présent mais peu soutenu. Nous appareillons donc, reconnaissons la passe d’entrée et nous réjouissons déjà car nous remarquons que pas un seul voilier n’est là pour troubler notre réveillon ! Au lieu de nous réjouir, nous aurions pu nous en demander la raison !...
En effet, progressant vers le fond de l’aire de mouillage que nous convoitions, nous nous apercevons qu’une houle de plus en plus inquiétante soulève l’Otter II d’abord de quelques centimètres puis, de plus en plus fort allant jusqu’à pousser l’Otter II au surf dans la pente de cette houle devenant donc de plus en plus désagréable. C’est alors que, presque sans nous concerter, nous avons abandonné l’idée de ce mouillage idyllique et par un demi-tour acrobatique nous rebroussâmes chemin tout heureux de nous en sortir à si bon compte ! Il était trop tard pour envisager une autre option. Donc, retour à la case départ. Spannish Town, nous revoilou !... On mouille l’ancre… Premier essai sans succès. L’ancre dérape. Deuxième essai après avoir cherché un meilleur endroit (je cherche à reconnaître par transparence de l’eau, un fond de sable). Ici, c’est bon ! L’ancre descend donc cherchant à s’enfoncer dans le fond qui se révélera par la suite n’être que du corail émietté, cassé par des décennies d’ancrage successifs donc de moins bonne tenue. L’ancre dérape encore. Je dis à Marjo qu’on recommence !... Alors que d’habitude, ces manœuvres répétitives ne posent pas de problème à Marjo qui est à la barre, celle-ci me crie : «Mets de la chaîne ! Le câble de l’inverseur est cassé ! »
Et m… m… m !!! Je déroule donc 30 mètres de chaîne en me disant que dans 5 mètres d’eau cela devrait suffire à nous immobiliser. Le vent souffle quand même en rafales qui montent allégrement à 20 nœuds. Après quelques hésitations et fort heureusement, le bateau se stabilise.
Que faire ? Nous nous rappelons que nous avons un câble de rechange mais où l’avons-nous rangé ? C’est fou comme un bateau peut receler d’endroits de rangement possibles ! Il y a plus de dix ans que, lors du bris du câble d’accélérateur survenu lors d’un convoyage de l’Otter II vers la Bretagne avec mon beau-père, nous avions eu la bonne idée d’en acheter un supplémentaire… Depuis lors, la mémoire !?... Nous avons donc commencé par chercher ce p… de câble. Pour cela, une bonne heure a déjà été nécessaire. C’est alors que je dis à Marjo : « Trop tard pour le remettre en place maintenant ! Tomorrow is an other day and now it’s the Christmas night !!! »
Quelle belle soirée sous une voûte étoilée digne des rois mages, la croix du Sud jouant des coudes avec la grande ourse pour nous orienter… A minuit, heure belge (c’est à dire 19-00h locales), nous avions eu Manon et François au téléphone et cela fut notre plus beau cadeau de Noël. L’esprit tranquille, il était 23 heures locales quand nous nous sommes endormis sachant que le lendemain…
Le lendemain donc, dès après le petit déjeuner, remplacement du câble qui passe par des endroits que nous découvrirons au fur et à mesure de nos investigations. Je vous passe ici les détails de nos hésitations. Pas droit à l’erreur : si on enlève le câble défectueux, il faut pouvoir faire reprendre le même trajet au nouveau. Nous plaçons donc un « messager » à l’extrémité de l’ancien câble et tirons. Rien ne se passe. Il faut dégager le câble sur toute sa longueur et les électriciens qui se sont succédés à bord depuis des années y sont allés de gaieté de cœur avec les attaches de type « colson » que nous devrons sectionner une à une en remontant le long du câble jusque dans la colonne de barre. Cette colonne de barre, il a fallu également la débarrasser de son compas afin d’accéder au mécanisme des manettes de gaz et d’inverseur. Certaines vis, oxydées, cassent au dévissage ! Bref, c’est petit à petit que nous arrivons à extraire l’ancien câble que nous remplacerons dès que possible pour refaire notre réserve. Pour faire faire le chemin inverse au nouveau câble, il nous fallut le repousser manuellement dans toutes les courbes d’où le messager n’arrivait pas à le faire passer ! Cela nous contraignit de sortir tout le contenu du coffre compresseur d’air et générateur d’électricité compris. Un vrai chantier !... Le nouveau câble en place, accoupler les extrémités fut un jeu d’enfant et, au premier essai, le nouveau câble était fonctionnel. Une nouvelle victoire du dream team pouvait être dignement fêtée.
Réparation terminée, la nuit tombait quand le bateau était de nouveau rangé et prêt à reprendre la mer… pour de nouvelles aventures !
(à suivre)
14:57 Écrit par Otter2 dans Journal de bord, Rapport de terre/mer | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |