22/10/2013
Spanish Water octobre 2013
Ce mardi 22 octobre 2013.
Cette petite note pour donner des nouvelles à tous ceux qui se demandent ce que nous faisons car il est vrai qu’il y a plusieurs semaines que nous ne naviguons pas alors que notre bateau est de nouveau à flot.
La raison de cette attente réside dans nos problèmes de guindeau (cabestan destiné à remonter l’ancre). Il a d’abord fallu diagnostiquer les problèmes qui provoquaient le déclenchement intempestif du fusible de protection à chaque utilisation et de façon de plus en plus fréquente. Ce guindeau a donc été démonté dans un premier temps et il s’est avéré que l’accumulation de gros problèmes tant mécanique que électrique l’avait rendu irréparable. Il est vrai que ce guindeau était déjà très âgé et qu’étant prévu sans entretien, il n’a pas été possible, en l’entretenant convenablement, de lui prolonger la vie. 27 ans, c’est quand même pas mal ! Bref, nous étions donc dans l’obligation de le remplacer. Nous en avons donc commandé un neuf qui a dû arriver à bon port ce qui a pris du temps ! Nous l’avons maintenant à bord et il reste à l’installer ce qui n’est pas sans difficultés car, comme on pouvait s’y attendre, il nous a été impossible d’en retrouver un qui s’installerait en utilisant les anciens points d’ancrage. Une plaque intermédiaire en inox doit donc encore être découpée sur mesures. Cela fait partie du programme de la journée de demain… Nous ne sommes donc pas encore partis vers l’Est comme prévu mais nous ne désespérons pas. Les choses devraient, en principe, s’accélérer. Pas de regrets cependant car pour faire de l’Est, il faut attendre une fenêtre météo sans «trade winds» qui continuent à alimenter notre éolienne sans s’essouffler !
Pour parler de notre vie au quotidien sur ce splendide plan d’eau protégé qu’est Spanish Water, je dirai que les jours se suivent et se ressemblent un peu sous un soleil de plomb fort heureusement atténué par cet Alizé qui tente de rafraîchir l’atmosphère. On s’habitue donc à cette chaleur, il faut bien le dire, pas trop humide et relativement agréable à l’ombre de notre pare-soleil dont nous ne pourrions nous passer et que nous avons tendu au-dessus du bateau. Un plus non négligeable est qu’il n’y a pas de moustiques !
Nous nous levons au « sunrise » et déjeunons d’un yoghourt au musli additionné de quelques fruits secs et confits. C’est super bon et facilite notre retour à une ligne décente que notre vie européenne nous avait bien vite fait oublier !
A 09h45, un bus gratuit vient chercher les plaisanciers désireux de compléter l’avitaillement du bateau. C’est le petit malin de directeur du supermarché local qui met ce bus à la disposition des équipages et, au vu de sa régulière fréquentation, c’est, comme je l’écrivais plus haut, un petit malin ! Bref, c’est devenu l’endroit où l’on cause. On y fait toutes sortes de rencontres et dès le départ du car, celui-ci se transforme en véritable tour de Babel : on y parle français, néerlandais, anglais et allemand. Le trajet dure un petit quart d’heure et chacun s’en va, comme le disent nos amis canadiens, magasiner. Ceux qui sont moins concernés par ces courses, dont je suis le plus souvent, peuvent se rendre à la cafétéria où le wifi, comme le café (vous avez bien lu) sont gratuits.
11h00 : tout ce petit monde attend le car et y remonte chargé de tout le nécessaire et même du superflu. Nous y allons presque tous les jours, ne fut-ce que pour y acheter toute l’eau que nous buvons à longueur de journée pour éviter la déshydratation. Non loin de ce supermarché, on trouve toutes sortes de magasins d’accastillage, de pièces pour autos, quincaillerie et autres services comme une laverie par exemple. Tous ces commerçants sont d’une amabilité incroyablement agréable. Les autochtones sont presque tous multilingues (papiamento, néerlandais et espagnol, anglais pour certains). De quoi faire bien réfléchir tous les responsables de l’apprentissage des langues en Wallonie.
Revenus à l’embarcadère où nous avons laissé notre annexe (cadenassée car les vols ici ne sont pas rares), nous communiquons avec l’Europe par courriels et parfois par Skype puis nous revenons au bateau pour poursuivre notre journée qui consiste le plus souvent en entretien du bateau (il y a toujours bien une pompe à nettoyer, des toilettes à entretenir, des vernis à rénover,…). Le reste du temps, nous lisons beaucoup, Marjo sur son inséparable iPad et moi, plus classique, sur les derniers livres papier du bord que nous échangeons volontiers avec d’autres plaisanciers francophones. De temps en temps, au fil des relations que nous tissons avec nos voisins de mouillage, nous participons à des apéros à notre bord ou à celui de ceux qui ont eu la gentillesse de nous inviter. Ces apéros débutent le plus souvent au coucher du soleil et se terminent très raisonnablement vers 21h30/22h00. Les soirées que nous passons nous deux à bord sont occupées par la lecture dont Marjo fait une véritable boulimie (à croire qu’elle rattrape le temps perdu) et par des soirées cinéma, ce que je préfère.
Je terminerai cette note en relevant la serviabilité, la solidarité, la disponibilité de certains « amis-bateau » comme je les appelle. Ils se coupent en quatre pour vous rendre service, vous informer, voire venir à votre bord pour dépanner votre groupe électrogène, ce qui est effectivement arrivé. A leur contact, nous apprenons un tas de choses. Nous sommes à l’école de la vraie vie, celle de la débrouille et de l’apprentissage de l’autonomie car quand on a démonté et nettoyé devant moi un carburateur, il ne faut pas le faire deux fois ! J’ai compris la leçon et emmagasiné une nouvelle compétence. Mes amis pédagogues auront compris que c’est à eux que je pense en rédigeant cette dernière phrase.
Ha, j’oubliais : ici, en papiamento, ma douce se dit « douchi ». C’est le nouveau petit nom gentil dont j’ai affublé Marjo qui en est ravie.
(à suivre)
17:40 Écrit par Otter2 dans Journal de bord, Rapport de terre/mer | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
28/09/2013
Où sommes-nous ?
Perchés sur notre bateau posé sur sa quille et bien qu'il nous reste encore un tas de choses à faire, nous nous impatientons. Notre remise à l'eau est prévue pour lundi. Hier, nous avons briqué le pont et nous sommes occupés des inox qui, ici, comme la saison passée, soufrent beaucoup. L'air est chargé de substances parfois très odorantes rejetées dans l'atmosphère par la raffinerie toute proche. Peut-être est-ce cela qui s'attaque aux métaux. En tout cas, nous nous réjouissons de ne plus le respirer. La saison passée, nous étions dans le même état d'esprit. Bientôt, ce ne sera plus qu'un mauvais souvenir. A l'heure où j'écris ce petit rapport (09h20), malgré un Alizé soutenu de 20-25 noeuds qui rafraîchit l'air, celui-ci reste chaud. Très chaud. Saharien ! Impossible de se balader au soleil sans se protéger. T-shirt, chapeau, lunettes solaires incontournables ! Je vous assure et ce n'est pas pour me plaindre car je m'adapte mais il fait vraiment très chaud. (A me lire, commencez-vous à transpirer ? Ne vous inquiétez pas c'est l'effet recherché. Je suis très partageur ;-)
Donc, nous allons intelligemment attendre que le soleil soit quelque peu descendu sur l'horizon (environ 16h00) pour pointer notre nez dehors et poursuivre notre travail sur Otter II. Je dois monter au sommet du mat pour le nettoyer en redescendant pendant que Marjo poursuivra la remise en état des chandeliers et autres pièces métalliques comme les manches à air. En attendant, je rédige du courriel, et joue mon fan de FB. Je cours aussi visiter les sites de bateaux amis pour avoir des nouvelles. Bref, je me mets en stand-by. Marjo est dans le même état avec son iPad. Difficile de dire si elle lit ou si elle communique. Ici, on profite d'une excellent connexion pour prolonger un peu le plaisir d'Internet en sachant très bien que cela ne durera pas.
Question santé, tout va bien si ce n'est que les kilos accumulés en Europe se font bien sentir par cette chaleur et l'essoufflement est bien vite au rendez-vous ! Cela ne durera pas car j'ai l'impression de vivre une fonte systématiquement entretenue, et par le soleil, et par Marjo qui nous a remis au régime croisière c'est-à-dire délicieux mais frugal. A bientôt les photos pour le résultat. Pour l'instant il n'y a rien à voir !...
17:21 Écrit par Otter2 dans Journal de bord, Rapport de terre/mer | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook |
21/09/2013
21 septembre 2013 : états d'âme
Ce samedi 21 septembre 2013.
C’est parti. Nous sommes dans le train entre Liège, ma bonne ville que j’aime tant , et Bruxelles. Je suis assis par terre dans le sas d’entrée car le train est bondé. Je vois défiler à travers la vitre de la portière, le paysage hesbignon dont je m’imprègne une dernière fois avant longtemps. J’ai l’âme en deuil de mes chers enfants et petits-enfants, de mes si généreux beaux-parents et de mes si gentilles belle-sœurs venues spécialement de Madrid pour nous dire au revoir. Ma fille était sur le quai et avait l’air un peu perdue. Et moi, retenant mes larmes, je ne valais pas mieux… Le paysage défile. Je regarde Marjo qui est déjà dans le voyage, toute préoccupée qu’elle est de ne pas se tromper dans l’imbroglio de correspondances imposées aujourd’hui par des travaux sur les voies ferrées de Maastricht. Car nous allons rallier Schipol via Bruxelles, Anvers, Rosendaal. Une nuit à l’hôtel puis un bond jusque Aruba et enfin Curaçao. Pendant ce temps, mon fils Julien s’envolera pour la Chine ! Je pense qu’avant que l’on se rapproche par l’ouest, nous n’aurons jamais été aussi éloignés l’un de l’autre.
Et tous nos chers amis et amies . Combien de temps allons-nous être privés de leur fraternelle amitié ? Nous ne le savons même pas nous-même. Le voyage est ainsi fait de surprises et de rebondissements qui nous forcent à nous adapter, à effectuer des choix et à glaner tout au long du chemin, toutes informations propices à orienter ceux-ci.
Quand reviendrons-nous au pays ? Ce troisième départ est, pour moi, plus difficile que les autres. Il arrive alors que tous nos parents et amis ainsi que nous-même, partons avec l’expérience, non pas des deux précédents départs mais plutôt du vécu des deux longues périodes précédentes de séparation. Seule la découverte de nouveaux paysages, de nouveaux visages, de nouvelles rencontres nous console de cette douloureuse séparation.
Bruxelles. On vient de changer de train. Nous sommes assis et mon spleen se dissout lentement dans ce voyage dans lequel mon esprit s’installe. De nouveau en projet, je pense à notre arrivée et au travail de préparation du bateau qui nous attend. Je pense à nos amis hollandais du Betty Boop, que nous allons retrouver effondrés à Spannish Water (splendide mouillage de Curaçao). Ils ont été touchés par la foudre et toute l’électronique ainsi que l’électricité du bateau est HS. Hormis le coût financier, il y a le coup au moral. Leur mésaventure fait partie de nos doutes. Cela peut aussi nous arriver. Ayant déjà été foudroyés il y a des années dans le port des Minimes à La Rochelle, peut-être avons nous statistiquement moins de chance que cela se reproduise. C’est sans compter que la foudre frappe au hasard et nul n’est à l’abri. On ne peut que croiser les doigts.
Nous voilà donc vraiment en route, confortablement assis cette fois dans une voiture de chemin de fer presque neuve, donc ultra moderne. Nos amis flamands seraient-ils privilégiés ? En bon Wallon, je me pose la question. Mais c’est certainement encore le hasard qui est seul responsable. Soyons-en persuadés et contentons-nous d’en profiter !
(à suivre)
15:55 Écrit par Otter2 dans Journal de bord, Rapport de terre/mer | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
20/07/2013
Les tortues de dos Mosquiès
Les tortues de Dos Mosquises
Arrivés aux Roquès le 17 avril, nous passons devant l’île principale siège de l’immigration/douane vénézuélienne alors que le vent n’invite pas au mouillage. Il y a peu de bateaux mais le clapot est tel que nous modifions nos intentions en nous disant qu’il doit y avoir plus confortable et surtout plus éloigné du Pouvoir. Nous savons en effet que s’il est possible de faire les formalités d’entrée à El Grand Roque, il faut effectuer celles de sortie sur le continent c’est-à-dire au Venezuela ce qui est exclus (ni le temps,ni le moment – actualité inquiétante - ni l’envie de côtoyer des pirates !). Nous poursuivons donc notre route mais le vent est tellement soutenu qu’il a étendu le clapot à l’intérieur même des lagons sensés accueillir notre ancre diminuant ainsi, voire annulant la possibilité visuelle de contourner les nombreuses patates de corail qui pullulent dans tout l’archipel. Nos cartes n’étant pas bien référencées d’une part et de toute façon, l’expérience nous l’apprendra, fort imprécises, nous choisissons un mouillage qui nous semble être le plus facilement accessible. Après un essai à Elbert Cay, nous mouillerons au vent de Cao de Agua où nous passerons une nuit assez stressante suite à notre position « au vent ». Je suis toujours plus rassuré quand je suis sous le vent car on n’est jamais tout-à-fait certain, avec des rafales de vent à trente nœuds et plus, que l’ancre ne dérapera pas. Nous retrouvant sain et sauf le matin alors que le vent ne désarme pas, l’idée m’en vient de ramasser mon mouillage et de me sauver vite à Bonaire nos aussières frappées sur une solide bouée ! J’en avais d’ailleurs déjà suggéré l’idée à Marjo qui ne m’avait pas caché sa désillusion. Elle avait dans la tête de ne pas quitter les Roquès sans avoir visité Dos Mosquises et son centre de recherche sur les tortues. J’étais donc en plein conflit entre le risque pour le bateau (cartes mal référencées et imprécises et difficulté d’entrée à Dos Mosquises avec un grand tirant d’eau, la profondeur de l’étroite passe d’entrée n’excédant pas trois mètres !). Etudiant donc cartes et guides afin de tenter de contenter mon amoureuse, je décidai de faire confiance aux Waypoints donnés par le guide et de tenter notre chance uniquement à l’aide du GPS. Après concertation, nous décidons de tenter le coup et dirigeons notre étrave sur l’atoll en question. Nous y entrerons sans problème tout étonnés que notre Otter soit amphibie car sur notre carte électronique, c’est carrément sur l’île que nous étions posés !!! Mais, ouf ! On y est arrivés et le mouillage est ici tellement protégé par les récifs que le vent qui ne désarme toujours pas parvient à peine à rider la surface du lagon.
Seul un catamaran se trouve au mouillage. Il ne restera pas. Sur le rivage, quelques bâtiments où semble régner un certain ordre, confirment la présence d’un centre de recherche. Fatigués par nos nuits précédentes, nous reportons au lendemain notre visite de l’île et passons un merveilleux moment de farniente, rassurés que nous sommes avec une ancre complètement enfoncée dans un sable de très bonne tenue. La nuit sera douce à bord de l’Otter II.
Le lendemain, nous descendons à terre et faisons la connaissance des deux personnages qui se partagent la responsabilité du Centre : Luis et Martin. Luis est en dernière année de Médecine vétérinaire et Luis est le guide qui nous emmènera visiter ses merveilleuses pensionnaires, des jeunes tortues marines à différents stades de croissance. Il nous fait son petit exposé en espagnol et nous propose d’adopter une tortue prête à être confiée à l’océan. Nous lui donnerons un nom et, par ce geste symbolique, participerons à la préservation de l’espèce tout en alimentant les caisses vides de ce centre non subsidié. Et c’est donc en l’honneur de mon premier petit-fils, né comme son Papa le 17 avril, qu’un petit Charly a été émancipé, sa vie de tortue libre commençant sur la plage de Dos Mosquises. Ce geste très symbolique nous a beaucoup touchés car comment ne pas s’inquiéter de l’avenir de cette tortue encore si petite livrée à l’océan ? Ses principaux prédateurs ne seront-ils pas les déchets de notre inconséquence ? Un sachet en plastique par exemple, qu’elle confondrait avec une délicieuse méduse !? Ou bien, si elle s’approche trop des plages de baignade sera-t-elle confrontée à l’agression des produits solaires qui lui infligeront d’insupportables dermatites ? J’en reparlerai plus loin. Mais cessons d’être pessimistes et souhaitons-lui une belle vie océane. Souhaitons-lui de pouvoir à son tour entrer dans le cycle de la vie en se reproduisant pour que nos enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants puissent encore s’émerveiller lorsque, devenus plongeurs, ils en rencontreront au hasard de leurs plongées, majestueuses et belles, et libres… partageant ainsi pour quelques instants magiques cet encore merveilleux monde sous-marin…
Notre petit Charlie parti, nous retournâmes au centre, très silencieux, chacun accaparés par nos pensées allant de l’océan au berceau de mon petit-fils, philosophant à propos de la vie, la nôtre, la sienne,…
Marjo, toujours enthousiaste et curieuse de tout, s’inquiéta de tout le travail que nécessite l’entretien de ces divers bassins où sont rassemblées les différentes espèces de tortues à différents stades de développement. Tous les deux jours, lui répond-t-on, on vide les bassins et on déparasite les tortues en les brossant car sans cela, leur carapaces se couvrent d’algues nocives pour leur développement. Ah, bon, dit-elle. Et quand devez-vous procéder à ce grand nettoyage ? Demain matin ! lui répond-t-on. Et Marjo de nous proposer pour les aider car il y a de l’ouvrage, une bonne centaine de tortues attendant de recevoir des soins. Affaire conclue. Rendez-vous est pris demain matin à 8 heures.
Le lendemain, vous auriez dû nous voir, Marjo et moi transformés en apprentis vétérinaire pour prodiguer les soins à toutes ces tortues pas très contentes d’ailleurs d’être ainsi manipulées ! Par brossage, nous dûmes enlever les taches verdâtres qui s’accumulent sur les carapaces et ce systématiquement pour chacune des tortues rassemblées ici. Pendant cette opération, nos deux hôtes nettoyaient à grande eau les bassins dans lesquels nous redéposions les tortues débarrassées de leurs algues. Ils avaient eu la gentillesse de nous réserver la part belle de la corvée en nous confiant les tortues et non balais et brosses de récurage des cuves ! Il n’empêche qu’une fois la longue séance de déparasitage achevée, Marjo se saisissait d’un balai et poursuivait son occasionnel travail de fermière océanographe avec détermination. Pendant ce temps – il faut bien que quelqu’un le fasse ;-)– je photographiais et filmais afin de nous conserver le souvenir de ces précieux moments.
Je me dois ici d’introduire la réflexion annoncée plus avant concernant l’usage des crêmes solaires très nocives pour ces animaux. Nous constations en les brossant, la présence de dermatites au niveau du cou et des nageoires et, nous en inquiétant, nous interrogeâmes Luis qui nous en fournit l’explication. Il les soigne avec un mélange désinfectant de miel et beaucoup d’amour. Quelle patience ! Quelle passion ! Un grand bravo à Luis et Martin pour leur dévouement à la cause animale.
Le nettoyage une fois terminé, nous participâmes au nourrissage constitué de petits poissons pêchés au filet sur le platier ainsi que de sargasses qui doivent être préalablement nettoyées avant d’être introduites dans les bassins. Elles renferment en effet d’autres petites herbes qui n’intéressent pas les tortues.
Le lendemain, nous rendant compte du peu de moyens dont disposaient nos amis, Luis et Martin, nous décidâmes de « libérer » une seconde tortue. Profitant de l’expérience de la veille pour parfaire notre séance de films et photos, nous choisîmes une autre tortue et la déposâmes sur la plage afin de lui permettre de prendre le large sous nos yeux attendris et le feu de nos caméscope et appareil photographique. Martin s’improvisa photographe et cinéaste pour nous aider à immortaliser le départ dans sa nouvelle vie de « Maria », le nom de Marjo préféré par les espagnol qui prononcent difficilement son prénom. C’est ainsi qu’une petite tortue appelée Maria commence sa vie océane. Peut-être, si c’est une femelle – ce que l’on ne peut déterminer qu’après une bonne vingtaine d’années – reviendra-t-elle sur cette plage pour pondre et recommencer le merveilleux cycle de la vie. Mais peut-être sera-ce Charlie qui viendra car moi seul avait décidé le jour de sa « libération » que cette tortue ne pouvait être qu’un garçon !
Avant de prendre congé, nous fûmes accueillis par nos deux hôtes qui furent intarissables au sujet notamment des travaux d’archéologie dont LEUR île a été le théâtre. Un grand livre rempli de photos à l’appui, Martin nous montra toutes les statues indiennes retrouvées dans les fouilles et nous apprîmes qu’en ces temps-là, les indiens investissaient une île jusqu’à ce que l’un d’eux y décède. Ils l’enterraient alors et partaient à la découverte d’une nouvelle île où ils recommençaient cette vie de nomades. Il est vrai qu’à l’époque ils avaient l’embarras du choix et n’étaient pas trop nombreux à se les disputer comme le firent plus tard anglais et français !!!
Sachant que nos amis n’étaient plus ravitaillés depuis maintenant deux mois (un petit avion qu’une piste peut accueillir sur l’île n’étant plus venu sans qu’aucune explication ne leur soit fournie), Marjo leur avait préparé un viatique comprenant notamment des légumes, des conserves et des œufs. Ce n’est qu’après avoir accepté de boire le coup avec eux (un excellent rhum local) que nos deux hôtes nous laissèrent les quitter non sans nous avoir embrassés comme si nous étions de vieux amis. Quels beaux moments de vie ! Quels bons souvenirs ! Le soleil descendait sur l’horizon lorsque, silencieux, nous nous éloignâmes de ce merveilleux atoll, écrin de nos émotions…
08:29 Écrit par Otter2 dans Journal de bord, Rapport de terre/mer | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
07/07/2013
Fin de la deuxième saison avril 2013
Le mardi 26 mars dernier, à 1800h, nous levons l’ancre et quittons cette merveilleuse baie de Salinas où nous avions l’éventualité de voir des lamantins, ces placides mammifères marins qui ont tant fait fantasmé les marins qui leur attribuaient des rondeurs toutes féminines et les confondaient avec les sirènes. Je pense en avoir vu un souffler mais rien de plus ! L’eau de la lagune est en effet peu profonde et ses fonds sont de sable/vase/coquillages recouverts d’herbiers qui constituent la principale nourriture des lamantins. L’ennui, c’est que l’eau n’y est pas très claire ce qui est un handicap pour les apercevoir. Un autre handicap est le fait que notre carène est propre et donc peu intéressante pour les lamantins qui, paraît-il sont friands de tout ce qui pousse sur les coques. Dommage, nous partons sans les avoir vus…
Notre destination est Béquia qui fait partie des petites Antilles au S de St Vincent. Ce choix repose sur le temps qui passe décidément trop vite et nous rapproche inexorablement de la date de notre retour au pays, le 4 mai. Visiter La République dominicaine en coup de vent puis Cuba ne nous intéresse pas. Nous préférons prendre le temps comme nous l’avons fait pour les BVI, les USVI et Puerto Rico. Un rapport de terre/mer relatant la fin de cette visite sous cruising permit américain est en cours de rédaction et vous parviendra d’ici peu. Et oui, la venue de nos jeunes a accaparé toute notre attention et entamé ma disponibilité pour l’écriture mais dès que nous aurons touché terre, je m’y attellerai.
Le mardi 26 donc, au coucher du soleil, nous levons l’ancre. L’Otter II est préparé pour les traversées plus longues c’est-à-dire que l’annexe est dégonflée et rangée sur le pont, le moteur HB est rentré et le pont est entièrement rendu à la sécurité de la navigation de nuit notamment. Rien ne traîne qui pourrait provoquer l’accident.
La météo est quelque peu incertaine quant à l’orientation du vent. Pas de coup de vent prévu sous huitaine mais l’alizé est plutôt E que NE ce qui me fait envisager un navigation au près ce que je déteste. Je parle pour moi car Marjo, près, près serré, largue, grand largue, elle s’en fout. Le seul fait d’être en mer avec moi (c’est elle qui le dit) suffit à la rendre heureuse ! Il faut croire que je suis plus exigeant qu’elle au point de vue confort mais à mon corps défendant (l’expression est heureuse), la p… d’arthrose qui s’insinue inexorablement au fil des ans dans mes articulations ne m’aide pas à apprécier une gîte entre 15 et 20° qui sollicite l’orthostatisme vertébral en particulier. Après quelques jours de près, je suis certain que mes nerfs sciatiques vont de nouveau se manifester. Et voilà ! C’est fait : je suis sous anti-inflammatoires !
Ceci dit pour la bouteille à moitié vide… Pour celle à moitié pleine, nous pouvons nous féliciter d’être partis car jusqu’à présent, nous ne totalisons que 40 heures moteur en 4 journées dans une mer peu chahutée et un vent ne dépassant pas les 15 nœuds. Notre ETA (estimated time of arrival) est 19h45. Nous aurons « mérité » nos Grenadines ! J’ajouterai que, à part quelques pluies éparses, nous n’avons eu que du grand beau temps sous le soleil Caraïbe qui m’a quand même quelque peu grillé les fesses !
Hier, pendant mon quart (de 0000 à 0400), le temps était calme et la nuit était éclairée par une lune tout juste décroissante. Je décide passer mon quart dehors et de me mater un film. Je m’installe donc et lance la séance. Au programme : « Of Mice and Men » de Steinbeck avec un John Malkovitch incroyablement bon. Soudain, dans mon dos, je sens frétiller une chose manifestement vivante ! Vous imaginez la scène. Je suis dans le noir, le bateau taille sa route, j’ai le casque sur les oreilles et soudain survient un objet frétillant non identifié !!! J’ai fait un bon en l’air qui a failli me coûter mon Macbook après quoi, toujours dans l’obscurité, j’ai tâtonné pour connaître l’objet de ma surprise. C’est alors que je touche quelque chose de froid, de gluant, de frétillant. A posteriori, L’expérience m’a rappelé le test de psychomotricité où l’on fait reconnaître à la palpation, des objets cachés dans un sac. Pas évident de reconnaître… un poisson volant de belle taille qui, dans un dernier sursaut avant de mourir, m’avait foutu une de ces trouille !... Par réflexe, je m’en suis saisi et l’ai rejeté par dessus bord… terminant mon film dans une odeur de poisson dont mes mains et mon T-shirt étaient imbibés !
Ce matin, nous sommes toujours en approche de Béquia que l’on ne distingue pas encore à l’horizon. La terre la plus proche est St Vincent, au N de Béquia à environ 50 milles.
Voilà donc notre dernière grande traversée de la saison qui s’achève. Les suivantes seront des sauts de puce entre les Roques, les Aves, Bonaire et enfin Curaçao…
J’oubliais de mentionner ce cadeau que la mer nous a offert hier après-midi. Des dizaines de dauphins sont venus nous saluer. Très petits – je pense qu’il y avait beaucoup de jeunes car ils étaient encadrés par quelques spécimens plus grands – ils étaient comme « pommelés », une espèce que nous n’avions, me semble-t-il, pas encore rencontrée. Toujours un grand moment de bonheur dont nous ne nous lassons pas au cours de chacune de nos navigations.
(à suivre…)
15:10 Écrit par Otter2 dans Journal de bord, Rapport de terre/mer | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |