02/04/2020
Anachronisme
Chronique d’une traversée (de Nouvelle Calédonie à la Nouvelle Zélande).
Partis sans enthousiasme contre un vent établi de 5 Beaufort, rafales à 6 et mer bien formée, nous avons suivi les conseils du routeur Bob McDavitt recommandé dans les guides nautiques trouvés sur le web et en tenant compte des différents avis de navigateurs zélandais familiers de cette traversée. Le Sudet (vent de SE) dans le pif, les vagues contre nous, nous avons planté des pieux le temps de trouver le bon angle d’attaque et surtout d’en avoir l’intelligence ! C’est fou comme le mal de mer, même s’il ne va pas jusqu’à vous déranger l’estomac, vous dérange tout court en vous injectant une apathie telle que les moindres petits réglages de voiles se transforment en corvées. Bref les deux premiers jours furent pour moi une véritable galère ! Secoué par une mer qui voulait en découdre, mon système nerveux fut mis à rude épreuve. Marjo me convainquit que c’était bien le mal de mer qui m’irritait et non l’océan qui, lui, était égal à lui-même... Dès lors que je l’ai accepté, l’amarinage m’aidant ainsi que la cynarisine, nous noqus installâmes dans la routine de la traversée. L’alizé ou ses derniers soubresauts (je ne suis pas certain qu’il ne change pas de nom à cette longitude) a cela de bond qu’il ne change pas souvent de direction hésitant le plus souvent entre le SE, l’ESE et le SSE. Il n’était pas prévu de passer ENE ce qu’il a fait en faiblissant en fin de traversée. C’est donc sous un ciel bas (celui que le grand Jacques disait faire l’humilité) que nous découvrîmes le premier problème. La nouvelle pompe de cale installée et testée lors de l’escale, n’étalait plus les nombreuses rentrées d’eau en provenance, ce qui est normal, de notre presse-étoupe (système ingénieux qui permet à l’arbre d’hélice de traverser la coque en conservant à celle-ci une relative étanchéité) et des cadènes dont l’étanchéité s’avéra à refaire. Il faut dire que l’allure de près qui entraîne une gîte importante « noie » les pavois (espace de circulation sur le pont préservé par une petite muraille - le pavois- dotée de plusieurs dalots (passages destinés à évacuer du pont l’eau embarquée et au près, ce sont des paquets de mer qui sont embarqués et évacués). Après avoir déconnecté le tuyau d’aspiration de la pompe et constaté son bon fonctionnement, je remarquai que la remise en place du tuyau avait laissé une minuscule entrée d’air responsable du dysfonctionnement. Je suppose que vous vous rappelez du principe d’entropie ! Cela n’a l’air de rien mais sans cette découverte, nous aurions été contraints et forcés de pomper régulièrement et manuellement sous peine de couler ! C’est donc soulagés que nous poursuivîmes notre traversée, les jours succédant aux nuits et les nuits aux jours. L’ambiance à bord, rythmée par les temps de repos, de lecture et, les meilleurs, les repas, s’est ainsi installée. Le ciel s’est ouvert progressivement faisant plus de place au soleil qui s’est remis à peindre la mer en bleu, ce bleu intense qui nous vaut le nom de « blue water cruisers ».
C’est alors que le vent nous a refusé petit à petit son aide. Le yankee fut d’abord complètement déroulé et le deuxième puis le premier ris ont été relâchés. Et il a bien fallu faire appel à Yan, notre trop bruyant moteur à qui nous nous sommes promis de mettre un bâillon tant il n’arrête pas de pérorer...
Il nous reste donc 262 nautiques pour rallier la « Island of Bay marina » et 179 nautiques pour contourner d’extrémité Nord de la Nouvelle Zélande. Marjo reste sereine alors que moi, je suis déjà tout excité malgré la réalité qui me rappelle qu’il nous reste encore deux bonnes journées de navigation. La météo nous annonçant la fin du calme plat, c’est avec l’idée que les voiles vont museler ce p... de moteur que je vous laisse à vos occupations habituelles...
03:18 Écrit par Otter2 | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
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