08/08/2018
Mise à jour 4 : 10ème jour...
07h00 locales. Le jour se lève à la suite de la Lune qui s’obstine encore un peu à éclairer notre nuit qui fut d’encre. L’Otter fonce vaillamment dans cette obscurité à laquelle on s’habitue peu. L’océan s’est creusé sous l’effet prolongé d’un alizé que je trouve plus musclé que ce à quoi on s’attendait. Il souffle de l’ESE hors rafales entre 5 et 6 Beaufort (17-27nds). Nous naviguons au près bon plein presque vent de travers et notre vitesse descend rarement sous les 5 noeuds avec deux ris dans la gd voile et plusieurs tours dans le yankee. On fait même des pointes à 8 ! Il reste 1400 nautiques pour rallier l’île de Pâques… On n’est qu’à la moitié du chemin ! Il faut vivre cette navigation pour réaliser que le Pacifique est immense ! Habitués depuis nos années caraïbes à de relativement courtes distances (nos plus longues traversées atteignaient rarement une semaine), nous sommes confrontés ici au temps qui passe et semble nous dire : quoi que vous fassiez, il faudra autant de jours pour aller de là à là. On ne compte plus en nautiques ; on compte en nombre de jours probables. On apprend à appréhender les distances en vrais marins ! Pour moi, l’apprentissage est plus difficile que pour Marjo qui reste indéfectiblement d’humeur égale, heureuse qu’elle est d’être dans notre projet et de s’occuper de moi et du bateau en bon capitaine qu’elle est. Elle redouble d’imagination pour cuisiner « poubelles vides » tout en nous mijotant des repas succulents dont la surprise est rarement absente ! Cette énergie qui l’anime me sidère moi qui ressens de plus en plus le poids des ans. Mais je tiens bon et puise dans mes réserves de philosophie l’idée que je suis ici par choix et que, tant qu’à les assumer, autant le faire en retirant des moments de lassitude le meilleur de ce qui m’a attiré si loin de tout : l’océan à perte de vue, ses couleurs changeantes, ses ciels cyclothymiques passant du noir orageux au bleu optimiste en seulement quelques heures, parfois moins. Et ce vent, imperturbable moteur de notre voilier. Quelle formidable énergie !…
13:22 Écrit par Otter2 dans Journal de bord, Rapport de terre/mer | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
Les commentaires sont fermés.