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20/12/2016

En route vers Tikal

En route vers Tikal

Nous sommes en vie ! Bien arrivés à Tikal. Mais laissez-moi vous conter notre aventure car cela en fut une ! Partis ce matin de Palenque à 0900, nous avons fait bonne route jusque la frontière. Au passage, je fais remarquer que les nids de poule et les brises-vitesse de l'aller n'ont pas disparus au retour. Attente à la frontière et changement de véhicule et de chauffeur. Arrivés sains et saufs à St Helena à 15h45 avec un chauffeur épuisé donnant d'inquiétants signes de fatigue (Il était en route depuis 09h00 !), nous devions changer de véhicule pour un "collectivo" jusque Tikal. Marjo avait manqué l'info "pas de collectivo le dimanche" ! On se rabat donc sur un taxi et Marjo négocie avec succès avec le seul chauffeur disponible mais dont le véhicule aurait été refusé chez nous à l'auto-sécurité avant même d'entrer dans le circuit (coffre ne fermant pas, pas de ceintures de sécurité, portière condamnée, vitre latérale en plastique collé,...).
M'appuyant beaucoup (trop) sur l'aisance de Marjo en linguistique, je cultive une analyse du langage non verbal assez pointue. Le gars me revient comme ce que je pense sur mes chaussures.
C'est parti !... Immédiatement, le ton est donné. Le coffre arrière s'ouvre et se referme à chaque casse-vitesse. Marjo craint pour les bagages et fait stopper et transférer nos bagages du coffre sur le siège à côté du chauffeur. C'est reparti !... On sort de la ville. Les brise-vitesse s'espacent et donc la vitesse augmente. Le gars est un véritable allumé. Il roule à 140 dans des zones limitées à 45, freine à 5 cm d'une famille de guatémaltèques en moto (le plus souvent, ils sont 4 à bord et sans casque bien entendu. Parfois la femme en amazone !). Je me mets à regretter les casse-vitesse ! Surréaliste. Le mec pilote merveilleusement bien sa poubelle mais tente des dépassements nous évitant la frontale de peu. Cela pendant les 60 kms que nous parcourerons en 40 minutes sur des routes à deux bandes semées d'embûches évitées avec dextérité ! Enfin, on arrive à l'hôtel. Je suis fou de rage mais soulagé. Le gars descend nos bagages et, alors que Marjo lui tend les billets pour la course, il annonce qu'elle n'a pas compris et exige le double ! Muet de trouille depuis le départ de la course, j'explose d'indignation et refuse. Marjo lui annonce très calmement en espagnol qu'elle avait très bien compris et lui aussi et qu'il aura le prix convenu et pas un quetzal de plus. Sur ce, indignée,elle tourne les talons suivie par moi avec les bagages. Le chauffard remonte dans son épave et s'en va en me lançant des regards assassins que je lui rends de bon coeur...
L'aventure, c'est aussi cela ! Demain matin, lever à 04h00 pour assister au lever du soleil sur la plus haute pyramide de Tikal et expédition guidée pour assister au réveil de la jungle... (le caméscope charge).

 

 

Notre voyage en chiffres

Notre voyage en chiffres vite avant de me coucher :

2 chauffeurs (un sympa et un moins sympa)
2 voitures différentes (une guatémaltèque, l'autre mexicaine)
360 km le matin
160 km l'après-midi
7 heures de route.
10 postes de sécurité
1000 ralentissseurs ou casse vitesse
10 000 nids de poule
quelques singes aï
;-)
des paysages à couper le souffle !

Ce soir au resto. Repas poissons délicieux à côté d'une famille mexicaine bien sympathique mais manifestement peu éduquée en manières de table. Un père, sa femme et 3 filles dont la plus jeune a à peine 2 ans, les autres à vue de nez 5 et 7 ans. Le resto est de bon niveau avec belles nappes blanches en tissus mais nous sommes les seuls visages pâles ;-) . Le père mange comme un gringo (fourchette main droite, main gauche sous la table). La mère semble découvrir l'usage de la fourchette (elle saisi les aliments entre ses doigts et les dépose sur la fourchette avant de la porter à sa bouche). Quant aux enfants, ils ont bien tout mangé mais leurs couverts, faute de s'en servir, sont retournés indemnes à la cuisine (seul le joli cadre nous a empêchés de croire que nous étions au fin fond de l'Amazone).
Cela ne nous a pas empêchés d'apprécier l'excellente qualité de notre choix de poissons.
Ce voyage ne nous ménage décidément pas en surprises diverse et nous en sommes ravis.

 

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Palenque

Réserve naturelle · Palenque, Chiapas, Mexique

 

En car vers Florès

Vers Florès (Guatemala)

 

Bien arrivés après maintes aventures : 08h30 Le premier bus arrive. Il est bondé (pas de réservation possible) ce qui ne décourage pas les autochtones qui le "bondent" un peu plus. Moi, je renonce et pique ma crise de claustro ! Je veux une place assise sans une marmaille sur les genoux ! Prochain bus à réservation à 15h30. On va patienter au "Café de Paris" avec un bon café y croissant puis internet puis dîner frugal puis direction gare du bus. Arrivé là, un accident a fait prendre un petit retard. Il n'arrivera qu'à 17h15 ! Ici, personne ne s'énerve. Une vraie patience d'indiens. Les enfants (nombreux) sont étonnamment sages du plus petit toujours au sein au plus grand (ça rigole discrètement ; ça patiente ; c'est ça l'éducation en famille traditionnelle !). C'est enfin parti. En route, premier arrêt. Tout le monde descend : contrôle sanitaire ! Même les sacs de café sont ouverts. Ici encore, tout le monde sourit, parfois avec des sourires fatigués (Nous apprenons qu'une dame est dans le car depuis 11 heures !). C'est reparti, tout le monde reprend sa place rapidement mais sans précipitation. A 45 minutes de l'ETA (estimated time of arrival), l'autocar tombe en panne. Tout le monde descend une nouvelle fois et attend patiemment l'arrivée annoncée d'un bus de remplacement (45 minutes d'attente annoncée et toujours pas un mouvement d'humeur). Des hommes s'excitent devant le moteur capot ouvert. Il fait nuit et seul le faible éclairage des GSMs autorise une inspection. Je les observe de loin puis, n'en pouvant plus je m'approche et constate que l'inefficacité de leur éclairage ne va pas les aider à solutionner la panne. Il semble que la courroie de transmission est sortie de sa gorge. Mais j'ai une bonne lampe de poche, moi ! J'éclaire la scène à la surprise générale et le mécano, travaillant maintenant à vue et non en aveugle, redistribue la courroie en un tour de mains. Me voilà le sauveur gratifié de nombreux gracias. On relance le moteur ; ça marche ! Tout le monde remonte dans le bus et notre voyage se termine (pour aujourd'hui) à 22h30. L'hôtel est proche et, après avoir pu nous sustenter d'un délicieux souper, nous découvrons le confort de notre chambre dotée d'une connexion internet digne des grandes cités (nous sommes à Florès). Une première journée se termine. Demain est un autre jour : en route pour Palenque. 6 heures d'autocar... si tout va bien

19/12/2016

Petite chronique du Rio Dulce

Petite chronique du rio Dulce

 

Il y a quatre semaines que nous sommes revenus après quatre mois de pérégrinations européennes. Un mois pour reprendre nos marques plus difficiles dans un bateau en chantier. Hugo, notre ouvrier guatémaltèque a vécu en notre absence un drame familial qui l’a contraint à accumuler un retard imprévu dans les travaux demandés. Impossible de lui en vouloir. Perdre son jeune fils suite à une chute accidentelle et une longue agonie a été pour lui et sa famille une irréversible catastrophe dont il essaie tout doucement de se relever. Nous l’aidons de notre mieux en valorisant son travail lorsqu’il vient à bord avec sa jeune et sympathique équipe. Nous les approvisionnons en boissons rafraîchissantes qui les aident à assumer la chaleur torride à laquelle ils sont certes mieux adaptés que nous mais qui reste néanmoins un élément de pénibilité incontestable. Travailler même à l’ombre pendant une journée sans pluie relève ici de la performance, les températures dans le bateau fluctuant autour des 35-38°C !

Fort heureusement, la Monkey Bay Marina où nous sommes amarrés comprend plusieurs avantages : elle est organisée comme une colocation où, cuisine (bien équipée), grande salle de séjour (où l’on peut prendre l’apéro, dîner, se reposer, faire son fitness), atelier (avec électricité, compresseur, perceuse, meuleuse,…) et douches/toilettes sont partagées par les équipages. Ainsi, Anglais, Américains, Canadiens, Russes, Belges, Guatémaltèques se côtoient dans une ambiance très conviviale. Chacun s’intéresse aux petites habitudes des uns et des autres, aux traditions, aux us et coutumes, bref tout un petit monde très cosmopolite bien agréable à vivre au quotidien. Cette convivialité comporte l’avantage de nous éloigner du bateau lorsqu’on y travaille ou lorsqu’il y fait trop chaud. La salle commune est couverte d’un toit de palmes très joli et ouvert à la brise qui vient rafraîchir fort heureusement l’atmosphère. Elle est équipée de grands ventilateurs qui permettent de mieux supporter la chaleur et c’est donc là que, assez souvent, on peut se retrouver pour un apéritif où chacun apporte sa contribution en « amuse-bouche ». Ce sont de précieux moments de partage qui stimulent mon apprentissage de l’anglais. Quant à celui de Marjo on peut dire qu’il fait partie de son bagage linguistique pour ainsi dire acquis ! Elle s’est maintenant jetée sur l’apprentissage de l’espagnol dans lequel elle progresse assez rapidement pour que j’en fasse des complexes ! Son incroyable don des langues me fascine. Il faut dire que quand elle cause, elle cause… et ces longues heures de pratique sont autant d’avantages par rapport au relatif mutisme qui me caractérise… en anglais comme en espagnol, d’ailleurs !

Tous les matins, à 08h00, la VHF est branchée sur le canal 69 (le cruiser’s net). Il y a déjà plus de deux heures que nous sommes réveillés. Avec 8 heures de décalage, il est 16h00 à Bruxelles. Parfois, ces deux heures sont consacrées à téléphoner à l’un ou à l’autre mais c’est notre fille Manon la plus fidèle au poste. C’est fou ce qu’une mère et une fille peuvent se raconter ! Tous les matins donc nous avons droit à : « Good morning Rio Dulce ! ». Suivent alors toutes les communications dont, d’abord, la météo. Ensuite, le canal est ouvert à celui ou celle qui souhaite faire une communication. La plupart concernent les propositions de menus dans les différents restaurants riverains du rio. On y annonce les plats du jour ainsi que les prix qui, le plus souvent, défient toute concurrence. Ici, dans le Rio Dulce, il n’est pas rare de pouvoir manger pour 3€. Compte tenu qu’une bière coûte 1,5€, on peut dire que la vie est ici vraiment bon marché. Par exemple, pour 4€ vous pouvez acheter facilement 4 kilogs de légumes. ½ kg de rôti de porc et un demi poulet ne coûte que 4€ ! On comprend ainsi mieux pourquoi un grand nombre d’Américains ont jeté leur sac dans ce coin magnifique perdu dans la jungle. Il n’est pas rare de rencontrer des navigateurs, le plus souvent âgés, dont le bateau n’a plus quitté le rio depuis plus de dix ans !

Poursuivant mon énumération des activités annoncées, je retiendrai la séance hebdomadaire de cinéma qui est organisée le plus souvent à Tortugal marina. Les films sont sous-titrés en anglais ce qui en facilite la compréhension. On réserve sa place par VHF (45 quetzals soit 5€ pour le film, le repas boisson comprise et l’aller-retour en lanchia - ce service est fort apprécié par tous, le rio étant assez inquiétant à pratiquer de nuit tant les autochtones y foncent sans feux de navigation et avec, pour seul moyen de visibilité, une lampe torche !).

Deux fois par semaine, un petit bateau passe à la marina pour l’avitaillement de ceux qui désirent ne pas trop bouger. Bref, une petite vie tranquille bien organisée.

 

Je reprends le clavier quelques semaines plus tard. Le ton change quelque peu car notre chantier s’éternise au point de me rendre quelque peu nerveux ! Les ouvriers guatémaltèques sont gentils, très gentils. A ce propos, on ne peut rien leur reprocher. Ils se précipitent, lors de nos retours de courses à la ville, pour décharger Marjo de tous ses sachets (et oui, ici, on n’est pas encore prêts à renoncer à cette commodité peu écologique que nous recyclons immédiatement en sacs poubelles. Mais bon, ce n’est qu’un pis-aller…). Ils sont toujours prêts à rendre service. Par contre, pour le travail, ils sont d’une lenteur déconcertante. Fort heureusement, ils sont sous contrat et donc, finalement, sont irréprochables car nous ne les rétribuons pas à l’heure (si c’était le cas, je serais au bord de la dépression car ils sont très souvent nombreux à se partager des outils de piètre qualité et à s’entre-surveiller !). Bref, bien que les travaux de rénovation du pont en teck soient en phase finale, les dernières finitions tardent encore. A la décharge des ouvriers, les pluies tropicales arrivent souvent comme des trouble-fête, pour les contraindre à jouer les prolongations !

De mon côté, lorsque le bateau peut rester accessible, les travaux étant suspendus, voire adaptés à ma présence, je me suis attaqué au défi que je me suis lancé de remplacer l’électronique du bord qui, de plus en plus, donnait des signes de fatigue, les bugs succédant aux bugs. Pas très rassurant en navigation. Après une petite vingtaine d’années de bons et, de moins en moins loyaux services, il était temps de tourner la page et d’envisager son remplacement. C’est donc pour cette raison que lors de notre dernier retour, nous avons rencontré, à Arzal (Bretagne) un spécialiste en électronique de marine qui nous a conseillé puis vendu un kit répondant à notre demande et, cerise sur le gâteau, accompagné d’un plan de montage précis qui m’a permis, une fois à bord, de démonter tout l’ancien système B&G Hydra2 (c’est la marque) et de le remplacer par les nouveaux appareils bénéficiant des derniers progrès à savoir du système de communication NMEA 2000 (il s’agit d’une nouvelle norme de transfert de données qui permet d’intercaler des appareils dans le « bus », succession de connexions au sein desquelles circulent les datas en provenance des différents instruments connectés et ce, dans les deux sens). Cela permet de faire évoluer le système sans modifications compliquées au niveau de la centrale, ce qui représentait la plus grosse difficulté auparavant).

Bref, au moment où j’écris ces lignes, le stress de m’attaquer au « déshabillage » de l’ancienne électronique est derrière moi. Tous les anciens fils ont été retirés (ce que les professionnels rechignent à faire et qui complique sérieusement les interventions ultérieures) et les nouveaux appareils sont presque tous en place et connectés exception faite des deux écrans prévus dans le cockpit devant la barre à roue. Un boîtier en teck a été construit et est au stade des finitions (qui durent bien trop longtemps, aussi, à mon goût !)[1]. Encore deux jours de liberté de travailler et l’électronique sera en place. Je vous enverrai des photos de mon organisation électrique. Décelez-vous déjà entre les mots une certaine fierté ? Il m’en est quand même de taire l’aide précieuse apportée par Olivier Cardon[2] qui, malgré le décalage horaire, a répondu avec une précision impressionnante à toutes les questions que je n’ai pas manqué de lui envoyer en cours de réalisation. A aucun moment je n’ai dû patienter. Il a été chaque fois sur la balle. A croire qu’il était sur place !

Bref, la vie suit son cours. Quand nous ne travaillons pas au chevet de notre vieille amie, l’Otter II, nous rencontrons un tas de personnes allant de la « haute en couleurs », vieux hippies venus se perdre ici pour finir leurs jours, à l’Américain de passage (les plus nombreux) ; Canadiens, Français (ils se regroupent dans ce que j’ai appelé le village gaulois, marina gérée par un Français et où l’anglais est pratiqué avec une grande parcimonie !), Allemands, Suisses,… un grand nombre de nationalité se côtoient ; il y a même des Russes qui parlent tellement peu anglais et espagnol que l’on se demandent comment ils ont pu arriver jusqu’ici d’une part et surtout, ce qu’ils sont venus faire car, a contrario de la plupart, ils sont relativement jeunes[3]

Hier soir, tournoi de Trivial Pursuit. On fait des groupes. On mange un plat unique et c’est parti ! A notre table un couple d’Australiens, un américain, un canadien et un couple de Belges (nous). On s’est classé 2èmes . Le meilleur cours d’anglais jamais reçu mais était-ce un cours ? Vraiment… De telles mises en situation à l’athénée m’auraient tant fait gagner du temps plutôt que de me le faire perdre en versions et thèmes de textes dénués d’intérêt !

 

La saison des cyclones touchant à sa fin, nous assistons à de nombreux départs, ceux des optimistes qui se disent que ça n’arrivera pas. C’est ce que nous leur souhaitons en les enviant quand même un peu car ils s’en vont avec leur bateau en ordre. Ils prennent le vent. Ils redeviennent libres d’aller ou bon leur semble. Les reverrons-nous ? Peut-être… le monde est si petit ! Quant à nous, nous garderons encore quelques semaines le statut de petites abeilles pour finir la préparation du bateau qui avait bien besoin d’un bon « lifting ».

Décision a été prise de reporter Panama à la saison prochaine. Cela nous permettra de tester et de mettre au point notre nouveau matériel (l’électronique et le remplacement de notre mâtereau support d’éolienne par un portique en inox qui recevra 4 panneaux solaires, de quoi augmenter notre autonomie et nous permettre d’alimenter le désalinisateur que nous prévoyons d’emporter dans le Pacifique). En janvier, nous reprendrons la mer pour une courte saison de voile/plongées au Belize, à Cozumel, aux îles Caïman et retour peut-être par la Jamaïque et les îles du Honduras… En attendant, au boulot !

 

 

 

[1] Rappel : on est au Guatemala !

[2] Olivier CARDON

E 3 MARINE

Mob. 06 27 19 40 00

Fax.  09 60 13 99 97

oliviercardon@e3marine.fr

[3] Le sous-sol guatémaltèque étant assez riche en minerais précieux dont des Russes ont déjà tenté une exploitation, peut-être leur présence dénonce t-elle une velléité de come back ? Difficile de s’en assurer (cfr méconnaissance de l’anglais).