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24/07/2014

Découverte de l'Amérique

Première partie : découverte de l’Amérique Avant notre appareillage vers le Canada, mon beau-père, Peter, nous faisait remarquer qu’il y avait bien longtemps que nous n’avions donné de nos nouvelles à nos amis c’est-à-dire toutes celles et ceux qui se sont inscrits sur la liste de diffusion des nouvelles de l’Otter II qu’utilise Peter pour faire suivre mes petites bafouilles dont j’espère vous régaler. La raison en est les conséquences impromptues du remplacement obligatoire de notre radar et le changement consécutif à notre programme de navigation. Fini les Bermudes, bonjour les States plus tôt que prévu. Et c’est là que l’enchantement de ce pays mythique et de ses habitants nous a saisi le cœur et nous a quelque peu éloignés des préoccupations faisant partie de notre quotidien depuis maintenant presque trois ans à savoir rédiger ce que j’ai appelé les rapports de mer puis forcément, de terre/mer. Deux rencontres importantes nous ont aidé à découvrir ces USA pour lesquels nous n’étions pas préparés puisque nous ne comptions y entrer qu’après notre expérience canadienne. Donc, pas trop de documents nautiques pour les atterrissages si ce ne sont ceux gratuits que nous pouvons télécharger sur le Net. Nous étions à l’affût d’infos et les rencontres, comme je l’écrivais plus avant ont été vraiment déterminantes. Croisés à Rum Cay alors qu’ils se baladaient en vélo, il y eut Don & Lavone Joyce de Cat’s Meow (superbe catamaran). D’une gentillesse incroyable, ils nous invitèrent à leur bord en vue de combler toutes nos interrogations concernant l’atterrissage dans leur grand et beau pays. Ensuite, à Georgetown, dans les Bahamas, nous les retrouvâmes au mouillage et fûmes invités à participer à un apéritif dînatoire à l’américaine où nous rencontrâmes notamment leurs amis Bo & Joyce Chesney de Dream Catcher (Bénéteau 49) avec qui le courant passa immédiatement ce qui entraîna une nouvelle invitation à souper à leur bord. C’est fou comme lorsque l’on sait que les moments de partage sont courts, les initiatives d’invitation se multiplient. A croire que l’on redoute de ne pas pouvoir, faute de temps, créer ces moments magiques de rencontres à la découverte de l’autre. C’est un peu le souci de faire bon accueil à l’étranger voyageur. Nous devions absolument quitter Georgetown (pour la commande de notre nouveau radar) et avons donc pris congé sans avoir pu rendre l’invitation à nos deux couples de nouveaux amis bateau. Pour ne pas être en restes, Marjo leur partagea un pain fait maison ce qui représenta pour eux un véritable cadeau de roi ! Nous étions munis des renseignements nous rassurant sur l’endroit où nous pouvions faire notre entrée aux USA sans trop devoir affronter l’inconnu de l’ICW (intercoastal waterway) dont la réputation de « shallow water » nous inquiétait. Une fois les formalités accomplies, nous reprîmes la mer pour retrouver Dream Catcher à Myrtle Beach yacht club (Caroline du S) où nos amis Bo & Joyce nous attendaient. Ils avaient réservé pour nous un emplacement à côté du leur, loué une voiture pour un mois et nous en firent bénéficier au-delà de nos espérances, se transformant en véritables guides pour notre découverte de la terre de l’Oncle Sam. Deux week-end très pittoresques en événements nous ont montré l’Amérique des super bikers : le premier rassembla à Myrtle Beach 300 000 (trois cent mille !) motards fans de James Deam et des Harley Davidson. Un événement d’un pittoresque incroyable, les propriétaires de ces splendides et onéreuses machines, venus des quatre coins des Etats-Unis, se déguisant pour la concentration en rockers fous de chromes, de décibels noblement produits par ces mécaniques de rêve. Une remarque en passant : peu de noirs présents à cette concentration à l’opposé du w-e suivant qui rassembla autant de noirs qu’il semblait posséder une moto aux USA. Il y en avait partout et quand je dis partout, c’était bien évidemment sur la route mais aussi sur les parkings des grandes surfaces, dans les stations-services, les parkings des restaurant, bref une concentration de population inimaginable en Europe ! Des motos néanmoins fort différentes. Des attitudes aussi. Des weelings impressionnants au démarrage n’étaient pas rares du tout. Des filles tatouées aux fesses rebondies perchées derrière leur conducteur préféré tout aussi tatoués qu’elles et vêtus d’habits rappelant le film des black angels. Les motos de grosses cylindrées pour la plupart japonaises brillaient plus par leur puissance et les décibels produits que par la qualité des chromes moins bien entretenus. Il est vrai que ces motos n’ont pas le même panache que les Harley et autres grandes routières. Les philosophies des bikers sont diamétralement opposées. Pas besoin de recevoir un dessin. La chose est on ne peut plus claire ! Ce w-e là, il y eut quatre morts par balles durant la nuit. Cela aussi, c’est l’Amérique… J’oubliais de signaler que les casques et autres vêtements de protection semblaient être complétement ignorés ! Nous voilà donc ayant découvert avec Bo & Joyce les petits déjeuners américains, les supermarchés immenses, les centres commerciaux gigantesques où par comparaison, notre Belle-île fait figure de superette, les restaurants de hamburgers (délicieux force est de le constater en comparaison de la m… servie dans les Mac Do et Quick de notre pauvre Europe !), les habitudes américaines comme, main gauche sous la table et ne se servir que de sa fourchette pour manger (pour avoir essayé, je trouve que ce n’est pas évident et je leur reconnais une habileté certaine à cet exercice !) ou encore, pendant le repas, ne boire que de l’eau ou du cola dans des verres d’un demi-litre remplis de glaçons ou encore la façon de se faire un hug sans bisous ou rester debout pendant un fort long temps avant d’inviter les invités à s’asseoir, ou encore se servir seul de vin à table mais uniquement après le repas, au dessert, ou encore, ou encore,… Je pourrais prolonger la liste de mes surprises à l’envi tant ce pays et ses habitants se sont éloignés de la société européenne dont ils sont originaires. Le moins que l’on puisse dire est qu’ils sont déconcertants… Notre chance fut d’être invités à fêter le memorial day en famille avec de bons amis de Bo & Joyce. Nous découvrîmes ainsi comme si nous en faisions partie tant l’accueil fut chaleureux, la vie d’une famille américaine au quotidien ou presque. J’ajouterai que ces américains sont extraordinairement communicatifs, s’adressant la parole sans raison apparente lors d’une rencontre fortuite dans la rue ou au restaurant, se coupant en quatre pour répondre à vos demandes d’information, s’intéressant sincèrement à vous en vous demandant d’où vous venez, par exemple en comptabilisant vos achats à la caisse. Les exemples vécus ici peuvent déjà se multiplier à l’infini. Ce premier contact avec les States eut aussi pour cadre le festival annuel dédié au véritable culte que le folklore local accorde à la pêche et à la dégustation du crabe bleu. Nous nous y sommes rendus en compagnie de Bo et Joyce. Outre la dégustation de cet excellent crustacé et de spare ribs inoubliables tant ils étaient énormes, cette manifestation populaire nous plongea au cœur d’un échantillon très représentatif de la population américaine. De l’ouvrier au fonctionnaire en passant par le cadre, le chef d’entreprise,… tout ce monde était là réuni dans une kermesse familiale de laquelle émanait une certaine joie de vivre habituelle dans ce genre de réunion où l’on vient pour se détendre, se changer les idées, profiter du week-end et rencontrer parents et amis. Curieusement – c’est mon ressenti – à cette impression d’ensemble s’est ajoutée celle que m’ont faites diverses images en relation avec l’activité militaire de ce pays qui, a contrario du notre, rappelle, par petites touches çà et là, l’idée que l’Amérique est en guerre perpétuelle. Des anciens du Vietnam et autres conflits armés ayant pris à la nation sa contribution en fils sacrifiés pour la défense d’une certaine démocratie récoltent des fonds pour leurs invalides, pour la réinsertion problématique de certains soldats démobilisés ou ayant fait leur temps en première ligne… Je me suis dit en croisant dans la foule des témoins de cette dure réalité, que j’avais de la chance d’avoir un vécu à l’abri de la guerre et de ses souffrances. Et que nous, en Belgique pour ce qui est de mon expérience, nous ne nous réalisions pas l’Amérique comme un pays en guerre, ce qui est pourtant la triste réalité que je ressentais là-bas, en déambulant dans la foule… Pendant toutes ces découvertes, nous avons commandé, réceptionné et installé notre nouveau radar Furuno 1715, le plus simple, le plus économe en énergie électrique. Il ne nous importe guère de savoir si le mobile qui va nous éperonner est en couleur ou en noir et blanc. Savoir qu’il arrive sur nous est le principal afin de pouvoir l’éviter. Bien que cela paraisse évident, il est peu aisé de résister aux arguments de vente de modèles plus complexes et donc plus chers mais pas nécessairement moins gourmands en électricité. Le gadget se paie et à l’usage maintenant que j’ai passé trois nuits de surveillance avec ce nouvel outil, je nous félicite d’avoir effectué ce choix raisonnable. Il est simple, efficace, beaucoup plus fiable que l’ancien en matière de veille et moins gourmand en électricité (fin de l’épisode radar). Me voilà donc en train d’écrire cette bafouille alors que nous venons de déguster un excellent dîner confectionné avec joie et amour par une Marjo fort heureuse d’avoir récupéré ses potentialités culinaires. Il faut bien dire que celles-ci deviennent limitées dès que le vent monte à 7, 8 Beaufort ce qui s’est passé jeudi, ce que nous avions raisonnablement accepté. Raconter notre rencontre avec le mauvais temps sans inquiéter nos lecteurs représente un vrai défi que je vais tenter de relever. Analysant les prévisions météorologique depuis notre arrivée à Myrtle Beach, je me suis rendu compte qu’un chapelet de dépressions émergeait du continent américain et se dirigeait inexorablement vers le NE se renforçant le plus souvent au-dessus de l’océan. Cela donne des vents du SO, S puis SE si on se réfère aux situations possibles quand on se trouve au S de la dépression. L’une d’entre elles se renforça tant et si bien sur l’Atlantique après être passée chez nous qu’elle provoqua la perte d’un équipage britanique et celle du bateau de français qui eurent la chance d’être récupérés par un navire espagnol. Celui-ci fut fort efficacement guidé par les coast guards américains ayant effectué un travail de suivi d’un appel de détresse remarquable. C’est dire si j’étais attentif à comparer les situations entre elles pour être certain de prendre la bonne décision. C’est ainsi qu’une évidence est née qu’il ne serait pas possible, à cette saison de trouver une météo qui nous donne une bonne brise de S, voire SE pour nous pousser au Canada sur une voie royale. La décision de partir relevait donc du compromis dans le domaine duquel la Belgique s’est taillée une belle réputation. C’est donc dimanche passé que les météos à 7 jours de la NOAA (organisation américaine fournissant gratuitement d’excellentes prévisions) me permirent d’entrevoir une fenêtre météo négociable. Il fallait se faufiler derrière une dépression, en subir la queue pour finir le parcours dans les aléas de vents variables et faibles d’une haute pression s’installant sur le S du Canada. C’est ce que nous fîmes. Le récit de ce début de traversée fera partie de la seconde partie de ce rapport. (à suivre)  

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