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23/03/2014

rapport de terre/mer III.9

Rapport de terre/mer III.9

 

Le roi de Mayaguana

 


DSC01718.jpgAprès nous être reposés au cours d’une belle nuit à l’abri de la barrière de corail - du reef comme on dit ici - nous nous sommes dirigés en dinghy vers ce qui semblait être le débarcadère incontournable de l’île. La marée est basse et même le tirant d’eau du dinghy se révèle trop important. Il nous faut donc « trimer » le moteur au maximum pour nous éviter de terminer à la rame ! Le petit chenal sablonneux apparaissant sous la trentaine de centimètres d’eau en dit long sur le labourage des hélices au quotidien. Le balisage n’est pas nécessaire. Il suffit de suivre la tranchée de sable dans le fond herbeux !

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DSC01700.jpgNotre amarre frappée sur la seule bite du quai, nous partons à la découverte de l’île. Une immense antenne nous laisse espérer une bonne connexion Wifi et nous oriente sur la seule option à prendre, une petite route dont l’asphalte est dévoré par les ans. Chemin faisant, nous croisons un grand noir qui nous aborde dans un anglais dont seule Marjo décrypte le sens mais dont l’expression non verbale est toute empreinte de sympathie. Elle comprend que ce Yul – c’est son surnom qu’il doit à sa ressemblance (assez contestable à mon avis) à l’acteur Yul Brinner ! – ne nous veut que du bien. Il se dit le personnage le plus important de l’île et nous annonce qu’il peut tout nous procurer : eau, fuel et services en tout genres. Il est plombier, électricien, facteur, et j’en passe mais aussi et je ne voudrais pas le manquer : docteur. Et oui, il nous dit avoir étudié tout cela et savoir conseiller ses compatriotes en cas de problèmes, maladie ou autres… Bref, tout en nous énumérant ses innombrables qualités – moi, je le trouve un peu mytho mais il est vrai que je ne comprends pas tout ce qu’il raconte - il nous emmène au village où nous ferons notre « clear in » pour les Bahamas. Pendant que Marjo remplit les papiers, notre Yul, sur un ton assez autoritaire, m’invite  à m’asseoir et à sortir mon ordinateur car la connexion Wifi est ici, dit-il, la meilleure de l’île et il sait que je suis impatient d’avoir des nouvelles du pays. D’habitude, nous sommes très discrets avec nos ordinateurs pour ne pas avoir l’air de squatter sans vergogne ; surtout dans les bureaux de l’immigration où nous nous faisons tout petits car la plupart du temps, d’accord, c’est convivial mais pas jusqu’à être rigolo ! Lui, manifestement est ici comme chez lui et tout le personnel souriant semble se mettre à notre service. Et quel service ! Le responsable local des télécommunications restera une bonne heure et demie avec Marjo pour lui bricoler une carte SIM qui transformera son iPad en borne Wifi et en téléphone tant que nous resterons dans les eaux des Bahamas. Avec une patience exemplaire, il répondra aux questions de Marjo jusqu’à ce qu’elle soit rassurée sur le bon fonctionnement de son achat. Il faut dire que nous n’avons pas l’habitude d’assister dans les points de vente Base et autre Mobistar européens à des séances de bricolage allant jusqu’à découper une carte SIM à l’aide d’un emporte-pièce semblant prévu à cet usage ! Bref, après une bonne heure et demie d’essais-erreurs tout en sourires patients, ça fonctionne ! Il est 17 heures et les bureaux d’immigration et douane ferment. Les préposées nous indiquent fort gentiment que la connexion wifi n’est pas interrompue et peut être captée le plus facilement assis sur le seuil, derrière les bâtiments. Quelle merveille que la gentillesse émanant de cette population insulaire perdue au milieu de nulle part. Ils sont 300 sur l’île et se connaissent tous par leur prénom et donc, dans ce petit monde, notre Yul nous raconte l’histoire de sa famille de sang royal, précision qu’il accompagne de photos montrées sur son Blackberry où on voit son grand-père noir et son arrière grand-père, un anglais – blanc bien-sûr - qu’il dit être proche de la famille royale d’Angleterre, photographié en compagnie d’une esclave qui aurait été son arrière-grand-mère ! « Je ne suis donc pas black , I’m brun», nous déclare-t-il ajoutant pour nous rassurer quand à la couleur de notre sang « non royal » que  de toute façon, la couleur du sang est rouge quelle que soit celle de la peau. Un vrai philosophe dans le fond notre Yul !

Toutes ces histoires, il nous les racontera en partie le lendemain où nous irons découvrir le « reef » en sa compagnie à la recherche de langoustes qui brilleront par leur absence et de lambis dont Marjo pêchera un magnifique spécimen. Revenus à terre après un apéritif à bord où on lui a offert – cadeaux de roi vu son enthousiasme – mon vieux sac à dos ainsi qu’une vieille paire de palmes qui nécessitait une petite réparation, Yul nous montre comment sortir le lambi de sa coquille, le nettoyer et nous explique comment le préparer car, comme le poulpe, il faut le battre avant de le cuire !  Quand Marjo – qui adore les noix de cocos – lui demande s’il serait possible de lui en cueillir quelques unes, il répond que cela ne pose aucun problème puisque l’île lui appartient avec, bien entendu, tous les cocotiers qui y poussent !


DSC01690.jpgLe lendemain, après les échanges de photos, nous prîmes congé et je reçu en cadeau car notre ami ne voulait pas être en reste, son arbalète de chasse sous-marine très particulière car constituée d’une flèche de deux mètres de long sur laquelle coulisse une poignée dotée de deux sandows. Cette « arme » m’a semblé plutôt être une défense contre les requins dont notre « roi de Mayaguana », ses nombreuses mises en garde en témoignent, ne partageait manifestement pas l’idée qu’ils seraient inoffensifs !...

Revenus à l’embarcadère, trois noix de coco nous avaient été déposées dans le dinghy.

(à suivre...)

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