16/03/2014
rapport de terre/mer III.8
Rapport de terre/mer III.8
Ce jeudi 13 mars 2014
De South Cay où nous étions vraiment à l’abri de l’alizé et de la houle, nous avons rallié Providenciales, plus familièrement appelée « Provo ». A l’E, alors que nous étions encore dans le « deep blue water », nous rencontrons une baleine à bosse dont Marjo aura le temps de prendre deux clichés avant qu’elle ne sonde. La traversée commence bien. 50 milles nautiques à raser le fond avec notre tirant d’eau de 2 bons mètres ! Fort heureusement sans vent, nous pouvions bien voir le fond défiler sous la coque. Au départ, Marjo à la barre et moi assis comme une figure de proue sur le petit siège en bout de beaupré. Le stress est bien présent. Je guide Marjo mais les minutes passent et la lassitude s’installe. Voir défiler le fond à travers cette eau turquoise d’une limpidité incroyable finit par m’endormir. C’est comme si le fond de la mer m’hypnotisait. Ce rase-mottes pendant plus de 8 heures finit par devenir une sorte de condition disons « normale » de navigation. Plutôt que m’endormir sur le beaupré, je me suis focalisé sur les cartes très précises de Raynald Collard, navigateur canadien ayant beaucoup travaillé pour les produire en combinant les prodigieux outils Google earth, guides nautiques et autres cartes. Au fur et à mesure de notre progression sur ce plateau coralien « very shallow », nous avons repéré la plupart des patates de corail signalés sur la carte et avons ainsi pu lever le doute quant à la confiance que nous pouvions accorder à cette prodigieuse aide à la navigation à laquelle est venue s’ajouter la comparaison des données avec les cartes Navionics dont Marjo avait chargé son iPad ! C’est donc sans encombres mais fourbus que nous avons déposé notre ancre à l’abri de French Cay, petite île déserte au SO de Caicos Bank. Seule rencontre dans ces eaux, un couple de pêcheurs locaux venus nous proposer des langoustes que nous leur avons achetées avec le plaisir de la rencontre et celui de nous dire que nous les avions bien méritées ! Comme à l’accoutumée, j’avais à peine eu le temps de m’installer pour notre traditionnel apéritif du « sunset » que les langoustes étaient cuites et préparées pour être dégustées froides. Embrasant le ciel, le soleil était couché quand nous nous régalâmes de ce providentiel menu.
Le lendemain, après une courte navigation placée sous le signe de la rencontre de deux dauphins magnifiques, nous posions notre ancre à « Provo » sous le vent de Five Cays.
Après une excellente nuit de sommeil – nous sommes le mercredi 12 mars 2014 – nous devons rallier la terre en dinghy pour repérer les bureaux où faire notre sortie, trouver du WiFi pour nos courriels et la météo et éventuellement effectuer quelques achats de légumes et fruits notamment. Nous ne savons absolument pas par où commencer nos recherches car aucun débarcadère n’est en vue. La ligne droite vers de petites embarcations de pêcheurs nous paraissant la meilleure option, nous nous dirigeons vers elles en remarquant que les fonds remontent très vite au point de nous obliger de relever notre moteur et de finir pendant de longues minutes à la rame tant – nous sommes à marée basse – le plateau menant à la plage est étendu et peu profond. C’est donc en ramant que nous atteignons la plage où un pêcheur local s’activait auprès de son bateau. Il nous fait un grand signe de bienvenue et vient vers nous. C’est un beau noir rasta affublé d’un grand bonnet de laine contenant la masse de ses cheveux. Il est très souriant et nous propose son aide en nous disant que la ville est encore très loin mais qu’un de ses cousins – nous apprendrons par la suite que des cousins, il en a beaucoup et tous rasta ! – peut nous véhiculer. Un peu piégés par les circonstances, nous acceptons et emboîtons le pas à ce sympathique pêcheur. C’est ainsi que nous pénétrons dans une sorte de territoire semi-fermé implanté de petites maisons en dur mais qui semblent toutes ou presque en chantier. Des chiens de races indéfinissables, indolents siestent un peu partout. Des noirs de tous âges mais exclusivement masculins vaquent à diverses occupations de bricolage, voire de jeu. Il nous semble être entrés dans une sorte de communauté « rasta ». Notre guide nous présente alors notre chauffeur affublé d’un énorme bonnet multicolore qui en dit long sur le nombre d’années de cheveux conservé ainsi à l’abri de la lumière ! L’homme est affable et nous annonce qu’il n’y a aucun problème à ce qu’il nous véhicule jusqu’à une banque, un supermarché et un point « Wifi free ». D’une banque, il nous faudra nous rendre à une autre ; après quoi il nous emmènera à un supermarché où il nous laissera faire nos course pendant qu’il ira rechercher sa fille à l’école puis qu’il cherchera assez longtemps avant de se décider à comprendre ce que c’était le Wifi. Bref, après avoir enfin rencontré toutes nos demandes, nous revînmes au « village rasta » où nous offrirons une bière à notre sympathique chauffeur. Dédommagé pour sa peine, il poussa la gentillesse jusqu’à nous ramener en voiture à la plage et nous aider à remettre notre annexe à l’eau. C’est fou comme ces gens sont cools ! La marée avait eu le temps de remonter et c’est au moteur mais prudemment que nous retrouvâmes notre Otter se dandinant tout seul au mouillage.
Après avoir fait notre clear-out, nous sortons du Caicos Bank par l’ouest en poursuivant notre navigation en rase corail et nous ancrons un peu au S en attendant minuit avant de franchir le Caiacos Passage. Il convient en effet de ne pas arriver n’importe quand à Mayaguana car l’entrée du lagon protecteur est « shallow », « very shallow ». Ce mot fait définitivement partie de mon vocabulaire et me fait toujours penser à nos amis canadiens pour qui la traduction n’est pas « peu profond » mais bien « point creux ! »
Après une toute petite nuit de sommeil, à minuit donc, nous levons l’ancre et, faute de vent, entamons la traversée au moteur. Au fur et à mesure de notre remontée vers le NO, nous établîmes les voiles avec le vent qui montait mais qui a forci à un tel point que nous dûmes réduire notre voilure en arisant notre grand voile à deux reprises et en enroulant notre yankee jusqu’à ne plus avoir qu’un petit mètre carré d’établi ! La mer se creusant et le vent refusant tout en forcissant, cette traversée qui se pronostiquait très tranquille s’est avérée plutôt musclée ! On ne peut pas gagner à tous les coups… Nous sommes donc installés au calme de ce mouillage enfin atteint. Après une visite de l’île - pour effectuer le « clear-in » - aux 300 habitants, nous sommes rentrés à bord et, contents d’être enfin chez nous pour récupérer, nous vaquons à nos occupations avant une bonne nuit de sommeil réparateur. Marjo termine de ranger sa cuisine et moi, je tape sur mon clavier afin de partager avec vous, les points forts de notre aventure. Reste à installer ma couchette, un bon livre et bonjour Morphée…
(à suivre)
17:22 Écrit par Otter2 dans Journal de bord, Rapport de terre/mer | Lien permanent | Commentaires (3) | Facebook |
Commentaires
Et c'est du bon...
Merci
Bien à vous
Olis
Écrit par : Olis | 16/03/2014
Et c'est du bon...
Merci
Bien à vous
Olis
Écrit par : Olis | 16/03/2014
Et c'est du bon...
Merci
Bien à vous
Olis
Écrit par : Olis | 16/03/2014
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