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19/01/2014

rapport de terre/mer III.5

Ce 18 janvier 2014 – III.5 L’alizé soufflant sans discontinuer d’E/N-E flirtant avec le sixième niveau sur l’échelle de Beaufort, nous avons patienté à Culebra jusqu’à ce que, le 24 décembre, une petite fenêtre météo apparaisse dans les prévisions. Il fallait  vraiment que le vent tombe car notre route pour St Martin était presque plein Est et nous ne voulions pas doubler ou tripler la distance en recommençant à tirer des bords, le vent nous venant en plein dans le nez ! Nous nous étions résolus à abuser de la brise Yanmar (Yan pour les intimes – c’est le petit nom de notre moteur) pour gagner du temps et, comme une bonne centaine de milles nous attendaient, nous levâmes l’ancre le matin afin d’arriver à St Martin dans la matinée du lendemain. Pendant que tous – ou malheureusement, presque tous - réveillonnaient en festoyant, nous avions choisi de passer le réveillon en mer. La journée se passa sans incident. La mer était presque calme et nous progressions à la vitesse de croisière de l’Otter c’est-à-dire six petits nœuds à 2600tours/min. Afin de récupérer le peu de vent réel (entre 5 & 10 nds) additionné du vent de vitesse que notre Yan nous procure, nous naviguons toujours avec un ris dans la grand voile et la trinquette, toutes deux bordées à plat. Cela nous autorise de petites accélérations lorsque le vent apparent nous vient quelque peu de côté et participe ainsi à la propulsion. C’est confortable - les voiles bordées à plat diminuant la tendance au roulis - et efficace. Fort de l’expérience de notre traversée depuis Los Roquès, nous avions cette fois pris d’office le deuxième ris. C’est ainsi que nous parcourûmes les premiers milles, vaquant à nos occupations en traversée principalement axées sur la lecture. Au fil des milles parcourus, notre route fut de plus en plus ponctuée de passages de grains. Ceux-ci sont toujours anxiogènes car imprévisibles. L’horizon s’obscurcit, parfois zébré d’éclairs ponctués d’un coup de tonnerre. Impossible de connaître la force du vent et des rafales que le grain va générer. La nuit tombe augmentant encore cette impression gauloise « du ciel qui va nous tomber sur la tête ! ». Et bientôt, malgré mes tentatives de changements de cap pour les contourner, nous passons à travers cette succession de grains qui rincent le bateau de maîtresse manière. Ce n’est pas une douche qui nous tombe dessus, ce sont des trombes d’eau qui, la pluie étant plus fraîche que la mer, font fumer l’océan. On distingue le phénomène à la lumière des éclairs ou de notre puissant phare ; on voit cette vapeur d’eau qui émerge de la cataracte sous laquelle se trouve l’Otter II. Le vent monte, monte, monte, poussant l’anémomètre qui grimpe, grimpe – on se demande même jusqu’où – et bien jusque 47 nœuds (9 Beaufort !) en même temps que le vent couche le bateau qui prend de la gîte comme aux plus beaux jours de près pavois dans l’eau ! Les rafales ont en effet adonné et le vent nous touche maintenant à 040° sur notre avant. Abrité dans la descente prudemment protégée des entrées d’eaux par les deux panneaux coulissants prévus à cet effet, les vieux réflexes construits pendant les années 470 (C’est le type de dériveur sur lequel j’ai fait mes armes), refont surface et c’est en choquant en grand les deux écoutes de grand voile et trinquette que le bateau se redresse et part dans une accélération incroyable. Avec deux ris dans la grand voile et trinquette bien étarquée sur sa bôme, nous accélérons à plus de huit nœuds. Notre Otter II semble nous dire : pfffft 47 nœuds, ce n’est que du plaisir !... Lui peut faire le malin… moi, je reste sur la défensive et c’est avec beaucoup d’appréhension et de surveillance attentive que nous poursuivrons notre route qui sera ponctuée jusqu’au petit matin d’une succession de grains fort heureusement moins violents que celui que nous venons de traverser ensemble. Le matin à l’aube, bénéficiant des bonnes conditions de traversée, le vent appuyant notre moteur avec efficacité, nous étions en avance pour déposer notre ancre dans le magnifique mouillage de Marigo Bay à St Martin (Antilles françaises).

Alors que nous embouquions la rade en reconnaissance à la recherche d’un bon endroit où mouiller, nous entendons à la VHF : « Otter II, Otter II, Otter II, de Maeva, me recevez-vous ? ». Quel bonheur d’être ainsi accueillis par les amis bateau Chantal et Laurent, que nous savions là mais qui, nous le pensions, dormaient encore…

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