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07/07/2013

Une journée à Bonaire

Ce matin, nous nous sommes levés presque avec le soleil et admirons l’approche silencieuse et prudente d’un de ces navires de grande croisière que nous appelons avec sympathie des «love boat ». Il n’est pas le premier qui accoste à Bonaire et, chaque fois, c’est un événement que nous avons vécu de manière tout-à-fait parcellaire. Soit nous sommes à bord et assistons à cela de loin. Quelquefois, le son accompagne l’image, un groupe de percussionnistes accueillant les passagers qui débarquent pour quelques moments de « terre ferme ». D’autres fois, nous sommes en ville et voyons débarquer les croisiéristes que l’on ne peut pas rater. Les « pauvres » n’ont pas encore pour la plupart bénéficié des bienfaits du soleil et sont blancs Bayer. Ils le sont autant par la couleur de leur épiderme que par celle de leurs vêtements le plus souvent assortis à l’uniforme de l’équipage, chaussettes comprises (et ce, autant pour les dames que pour les messieurs). Certains arborent des casquettes également blanches immaculées vraisemblablement fraîchement sorties des valises ou nouvellement achetées.  Pour les dames on y voit parfois scintiller quelques paillettes. La soixantaine bien sonnée, ils sont tout mignons, photographiant « leur » bateau en essayant d’en prendre un cliché qui ne ressemblera pas trop aux dix autres correspondant à chacune de leurs escales. Il faut dire que celles-ci ne durent jamais plus d’une journée et d’une nuit au cours de laquelle ils appareillent. Ce matin, alors que nous émergeons de notre nuit de sommeil, nous constatons l’arrivée imminente d’un de ces grands navires. Le NOORDAM, c’est son nom, est un magnifique quatre ponts (je ne sais si c’est ainsi qu’on les appelle. Je ne me fie pour cela qu’au nombre d’étages de cabines que l’on aperçoit de l’extérieur). Intéressé depuis longtemps par les belles manœuvres portuaires – on apprend toujours beaucoup des professionnels malgré la disproportion entre nos navires – je propose à Marjo de sauter dans l’annexe et d’aller assister à la mise à quai qui, ici, est très spectaculaire car en fait de quai, il n’y en a pas ! Seuls un embarcadère et quelques « ducs d’Albe » en béton armés surmontés d’énormes bites d’amarrage sont implantés aux abords du rivage afin de recevoir les nombreuses amarres qui seront mises à poste par un petit remorqueur. C’est donc à ce spectacle que Marjo et moi nous préparons en nous rapprochant. On amarre le dinghy et, le temps de filmer les premières manœuvres d’approche, je retrouve Marjo assise à une terrasse pour assister au spectacle, le confort en plus ! Au départ, je lui avais dit qu’il serait intéressant d’assister aux manœuvres d’accostage en prenant le café là-bas plutôt que de déjeuner à bord. Pour une fois et dans la perspective de cet intéressant spectacle, je me serait bien passé de mon bol de céréales quotidien qui, il faut bien le dire par parenthèses, m’a fait gagner en deux mois presque trois crans à ma ceinture ! C’était sans compter sur l’imagination de ma « Capitaine » que je retrouve en train de commander, non seulement un café comme prévu, mais aussi un « american breakfeast » ! Tout un programme !  Deux œufs pochés avec saucisses et jambon fumé, toasts, pancake, confiture, sirop, salade de fruits, jus de fruit… J’en ai été stupéfait à tel point que je n’ai pas résisté à photographier notre table digne des meilleures agapes romaines. Moi qui m’était fait à l’idée de me contenter d’un café ! Marjo me dit souvent que pour entretenir l’amour, il faut surprendre. Et bien aujourd’hui, je peux dire que ma petite femme a marqué des points pour autant qu’elle puisse encore en marquer tant notre vie à deux est un perpétuel émerveillement.

Après cette interruption gastronomique, je reviens à la manœuvre. Des ouvriers du NOORDAM, casqués comme dans toute entreprise de manutention, descendent, à l’aide de puissants cabestans, de lourdes et solides amarres dont la ganse est frappée d’une aussière plus petite destinée à être manipulée à la main. Le personnel du remorqueur s’en saisit et les  emportent successivement vers les ducs d’Albe où des hommes plus âgés attendent en discutant. Ce sont vraisemblablement des marins à la retraite qui sont tout heureux de se rendre utiles en participant encore à la vie active du port. Ils sont en T-shirt et casquette usée par les intempéries et les UV. Ils ont le geste sûr et il émane d’eux une longue expérience maritime. Leur gestuelle est empreinte d’une expertise évidente et je me surprends à m’imaginer la vie rude de ces vieux marins revenus à terre poser leur sac définitivement et continuant peut-être à encore rêver d’un jour prendre encore une fois, une dernière fois peut-être, la mer… Mais n’est-ce pas plutôt moi qui m’imagine cela romançant ainsi un métier qui doit être fait de beaucoup de sacrifices, trop peut-être ?...

La manœuvre terminée et notre « american breakfast » englouti, nous déambulons dans les rues de Bonaire. Il ne fait pas encore chaud. Le ciel est un peu couvert de cumulus de beau temps qui masquent le soleil. Et nous nous rendons compte que, à chaque arrivée de love boat, un marché s’anime d’artisans venant vendre leur production aux touristes. Il y a Bonaire sans navire de croisière et Bonaire avec. Le paysage est tout différent et, sans rien apercevoir du port, nous pourrions bien dire si un navire de croisière est amarré ou non. Il n’y a qu’à observer la rue et ses passants. Si les passants sont plus nombreux et que les tenues se maculent de blanc y compris les chaussettes (oui, je sais j’ai tendance à être à la limite de l’impertinence mais que voulez-vous, on ne se change pas !!! taquin je suis, taquin je reste…), c’est qu’un grand navire vient d’arriver !

(à suivre)

 

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