Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

07/07/2013

Fin janvier 2013

Quittant Cruz Bay, port d’entrée où nous avions atterri le 10 janvier (v. rapport de terre/mer II.6), nous avons fait le tour de l’île par le N afin de nous rapprocher de l’Otter Creek. Le lecteur comprendra pourquoi. Comme les instructions nautiques nous donnent ce mouillage comme autorisé uniquement le jour, nous allons mouiller notre ancre à proximité : à Coral Harbour. Déjà au mouillage, nous remarquons que la fréquentation est quelque peu « babacool », les bateaux voisins étant plus baroudeurs que plaisanciers avec quelques autres qui tendent plutôt au statut d’épave qu’à celui de bateau ! A terre, ce sera la même tendance. Assez curieusement, la population à majorité blanche semble être là  comme perdue, vivant à première vue principalement d’artisanat. On y voit un homme retapant une vieille jaguar dans un abri fait de tôles et de vieilles planches dont l’écriteau annonce : « The gallery », des bars dépeuplés, de rares noirs occupés à l’entretien des endroits publics, des rastas désoeuvrés, et des biquettes partout en liberté… Toujours en quête de connexion Wifi, nous irons prendre la température locale en buvant une bière dans l’un de ces bars où nous rencontrerons Pirat Bill, vieil homme aux pieds nus et cheveux longs, préparant à la vente des T-shirts à son effigie, dix ans plus jeune ! Sûrement sa seule source de revenus. Ces gens sont pauvres mais semblent assumer cela comme un art de vivre ! Aux alentours, égrainées à flanc de colline, des villas assez cossues contrastant avec les constructions littorales. Un endroit assez pittoresque. Nous y verrons aussi un pêcheur noir étripant le produit de sa pêche dans l’eau au bord d’une petite plage de galets et faisant ainsi le bonheur de dizaines de frégates venant prélever ces restes de leur vol majestueux. C’est là que nous verrons aussi n’en croyant pas nos yeux, un tarpon (c’est du moins ce que nous avons cru voir) qui, attiré également par cette nourriture providentielle, venait tellement près du bord qu’il découvrait une bonne partie de son dos, sa nageoire dorsale complétement hors de l’eau. Il devait faire ses deux bons mètres !

Avant d’abandonner Cruz Bay, le prof retraité que je suis ne peut passer sous silence l’importance donnée ici et partout d’ailleurs dans les îles à l’Education (voir photos ci-contre et  pêle-mêle en fin de rapport).

 

Dimanche 20/1/2013 : Otter Creek

 

Ayant fait le tour de Coral Bay, nous levons l’ancre pour visiter « notre » crique : Otter Creek qui n’a d’intérêt – nous le découvrirons par la suite - que l’homonymie avec notre bateau. Nous sommes toujours dans le parc national et donc sur bouée. L’eau y est claire sans plus. L’endroit est isolé et bordé d’une mangrove peu profonde. Pas de moustiques ! Le temps est nuageux avec tendance aux grains mais l’endroit est tellement protégé que la surface de l’eau est très calme et nous incite à une séance de « snorkelling » qui sera écourtée par le peu de choses à voir sous l’eau. Aussi étonnant que cela puisse l’être, certains endroits semblent ainsi abandonnés par Mère Nature alors qu’à première vue, il paraissent paradisiaques. L’endroit l’est sans conteste mais c’est sous l’eau que, curieusement, le contraste sous-marin est surprenant.

Nous larguons donc assez rapidement notre bouée et nous dirigeons vers Great Lameshur Bay. C’est sur bouée dans cet endroit que nous avons vécu – j’ajoute jusque là car depuis, nous avons encore trouvé mieux ! - les meilleures conditions de mouillage. Pas la moindre vague. L’Otter II est immobile faisant face à l’alizé qui reste présent mais apaisé pour la nuit. Pas le moindre bruit hormis celui des animaux qui, dans le maquis voisin déploient leur trépidante vie nocturne. Une nuit de rêves. Un endroit inoubliable entourés que nous étions de voisins aussi respectueux que nous de la paix de ce magnifique environnement.

 

 

 

Lundi 21/1/2013 arrivée à St Croix

 

 

Partis de Lameshur Bay assez  tôt le matin, nous traversons vers St Croix distante d’une trentaine de milles et arrivons à Christansted Bay en début d’après-midi. Comme la consonnance de ce nom l’indique, l’architecture de la ville est tout simplement nordique. On se croirait au Danemark ! Et dans les rues, nous sommes souvent interpellés par des racoleurs qui travaillent pour des restaurants ou autres magasins de souvenirs qui nous demandent : « Are You danish ? ». Ces gens sont pour la plupart de race blanche. Il y a peu de noirs qui semblent confinés dans les taches subalternes. On ressent encore beaucoup la présence danoise dont l’île a été la propriété, achetée à la France en 1733 pour la somme de 750 000 livres. Alors que depuis 1917 l’île est devenue territoire américain, la présence danoise reste évidente notamment à travers les nombreux touristes danois qui y affluent. Monuments et graffiti répartis dans la ville rappellent les terribles événements liés aux luttes des noirs contre l’esclavage dont une femme, la « Queen Mary » fut en 1878 l’héroïne.

Chaque fois que nous en avons l’occasion, nous visitons les îles en empruntant les bus locaux. Ils sont tellement différents ! Nous nous sommes ainsi retrouvés assis dans des bus tellement vétustes que le conducteur ouvrait et fermait les portes avec des ficelles ! C’était à St Martin. Dans les îles, les bus comme nous les connaissons en Belgique, font place à des gros pick-ups à long chassis dont la benne arrière, sans portières, est aménagée de plusieurs banquettes. Ces « safari taxis »,selon l’île où on les rencontre, sont soit rutilants et bichonnés comme des sous neufs soit bringuebalant attendant avec lassitude qu’on les envoie enfin se reposer dans un cimetière de voiture. Nous avons eu l’occasion d’en fréquenter toute la gamme et ceci toujours avec un plaisir fait de surprises diverses. Pour ne citer que ces deux-ci, je retiendrai la façon avec laquelle le conducteur gère le prix de la course. Il conduit de la main gauche principalement, la droite contenant une liasse de dollars. Les passagers lui font signe et montent. Lorsqu’ils sont arrivés à destination, soit ils le signalent au conducteur en utilisant un interrupteur placé au plafond (cela pour les « taxis » en bon état !) soit ils interpellent le chauffeur en haussant la voix et prononçant quelques mots le plus souvent incompréhensibles. Le chauffeur s’arrête et le passager descend. Il passe ensuite à côté du chauffeur et, sans un mot, lui donne le prix exact de la course. Le plus souvent un billet de 1$. Il tourne alors le dos et s’en va sans un regard pour le conducteur qui poursuit alors sa route. Vous dire comment il fait pour vérifier le juste payement de tout un chacun reste pour nous un mystère ! Peut-être compte-t-il sur l’honnêteté des gens ? Personnellement, je n’ai remarqué aucun resquilleur. N’est-ce pas magnifique ?...

Le deuxième exemple concerne la vocifération du prêcheur qui nous accompagna durant toute la traversée de l’île. Le chauffeur avait branché sa radio de façon à ce que tous ses passagers « profitent » de la religieuse leçon du prêcheur qui s’en donnait à cœur joie pour fustiger dans des termes très sévères les pauvres pécheurs que nous sommes. C’est incroyable comme cela n’étonne pas les passagers qui, s’ils n’écoutent pas tous, n’en témoignent pas le moindre agacement. Il n’est pas rare de lire là où, chez nous, on verrait des publicités, une ou l’autre phrase extraite de la bible ou l’un ou l’autre appel à la croyance en Jésus. Petit à petit en fréquentant les îles, nous apprenons à entendre sans plus nous en étonner des « God bless you » qui nous sont adressés après le traditionnel « Hi, how are you » déjà mentionné et le « where are you come from ? », très contrastant avec nos coutumes européennes. Et pour conclure le chapitre « religion », je signalerai la présence de nombreuses églises toutes chrétiennes mais de confessions différentes qui se côtoient sans problème l’une étant parfois édifiée en face de l’autre ! Cette omniprésence religieuse se remarque également aux grandes croix dorées pendant autour du coup de très nombreux autochtones. Dernier constat : pas de foulard, pas de mosquée… Je relèverai encore  pour être complet au chapitre « religion » et en clin d’œil, la présence de nombreux adeptes du « standup paddle boarding » qui laisse à penser en les regardant de loin que, imitant Jésus, ils marchent sur l’eau ! 

 

Jeudi 24/1/2013 arrivée à St Thomas

 

L’entrée de la rade de St Thomas Harbour est assez étroite pour laisser passage aux grands navires de croisière qui sont omniprésents dans ce port franc qui les attire comme des mouches sur… « you see what I mean ». Ils s’y retrouvent parfois à cinq ! Trois à quai, deux au mouillage ! On peut donc dire qu’il y a du mouvement dans la rade et donc que pour y rentrer, il ne faut pas qu’un de ces buildings de la mer décide de sortir quand vous arrivez !

J’écris buildings car, rappelez-vous l’épisode love boat de Bonaire, ces navires y étaient nettement plus petits !

Fort heureusement,  lors de notre arrivée, la voie était libre et nous pûmes ainsi tranquillement mouiller à quelques encablures seulement de la marina. Celle-ci est envahie de super méga yachts, tous amarrés aux pontons protégés par des portiques à fermeture électronique et où des écriteaux interdisent de prendre des photos ce qui est une fort bonne chose en soi car c’est vraiment agaçant, à la fin, de se voir tout le temps poursuivis par ces paparazzi qui ne respectent pas votre vie privée ;-) !...

Nous voilà donc descendus à terre à Charlotte Amélie. Nous n’avons encore jamais vus d’endroits, sauf peut-être à Anvers, où se concentraient autant de richesses ! Plusieurs rues ne sont bordées que de boutiques où se vendent bijoux, montres, et autres articles de luxe. On se fait racoler presque systématiquement et ici également, et plus encore ici qu’à Bonaire, les croisiéristes font la pluie et le beau temps ! Vous imaginez la ville sans un navire de croisière à quai et la ville avec cinq fois deux mille croisiéristes qui débarquent avec leur pouvoir d’achat. Ce que j’ai décrit à Bonaire est ici une réalité exposant dix ! C’est tout-à-fait stupéfiant…

Et là, dans ce feux d’artifice d’articles de luxe où ROLEX – et ce n’est qu’un exemple - se permet de monopoliser  une seule boutique pour exposer tous ses modèles, Jean trouvait que ses cheveux devenaient décidément trop longs !... Nous éloignant de l’effervescence de ces grandes rues  commerçantes et découvrant ainsi les petites ruelles réservées au calme de la vie citadine au quotidien, nous découvrons enfin un petit salon de coiffure où nous nous hasardons. Quand il faut y aller, il faut y aller ! Le figaro noir nous accueille avec un sourire de « hair killer » qui en dit long sur mon envie de foutre le camp ! Mais bon… Je lui laisse une chance et m’installe dans le fauteuil du condamné non sans appréhension car vous savez tous combien je tiens à mon avantage capillaire ! Et là, le choc… J’ai cru que j’allais défaillir car le quidam s’empare de sa tondeuse et me demande non pas ce qu’il doit laisser mais ce qu’il doit couper ! Enfin, c’est ce que je comprends et je lui dis de couper l’épaisseur de deux doigts. Marjo, hilare, observe lâchement son mari se battre pour défendre sa grise chevelure. Elle me dira plus tard qu’il n’était plus possible de reculer donc… Voilà notre coiffeur qui se met au travail. Je venais de voir le film Brubaker où Robert Redford glisse deux dollars au coiffeur pour qu’il lui laisse les oreilles ! Je vous assure que j’ai vu chaque mèche de cheveux tomber comme au combat tant j’entendais et ressentais la désagréable sensation d’être tondu comme un mouton ! Et c’est bien ce qu’il arriva à faire. Je me retrouvai dans la rue, délesté de 15 $ et complétement rasé encore que si mon fils Julien et mon beau-frère me voyaient, ils diraient que je m’en suis encore bien sorti ! fin de l’épisode.

Avant de conclure ce rapport, il faut encore mentionner la rencontre au mouillage de « Sweet Madam Blue », bateau dont le sympathique couple de canadiens vint nous saluer pour nous demander si nous captions Internet, préoccupation au quotidien de nombreux navigateurs. Ils m’avaient en effet vu essayer de me connecter – sans succès mais cela, ils ne le savaient pas ! - depuis le siège de poupe de notre bateau. Après avoir fait connaissance et nous être invités mutuellement pour les traditionnels apéros entre globe-flotteurs au cours desquels un tas d’informations furent partagées, nous échangeâmes nos coordonnées non sans nous être aperçus que nous avions des connaissances communes : nos charmants amis Josiane et François de Umialtak ! Décidément, le monde de la voile est très petit ! Et ces charmants navigateurs de nous inviter à venir les visiter à Montréal.

 

A propos, c’est loin, Montréal ?...

 

(à suivre)

Les commentaires sont fermés.