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07/07/2013

avril 2012 découverte de Barbuda

Nous voilà donc arrivés à Barbuda. Premier mouillage en sécurité en face du Martello tower. C'est l'atterrissage le plus sûr et nous nous y ancrons précédés de peu de Umialtak, sympathique équipage canadien avec lequel nous faisons route de conserve depuis déjà quelques temps. SAS³, plus rapide mais surtout dont le capitaine Stéphane déteste se réveiller aux aurores, nous rejoindra quelques heures plus tard.

Le mouillage est rouleur et le petit port peu intéressant. Nous n'avons plus le temps de changer de place avant la nuit. Nous décidons donc de « faire avec »... le roulis bien entendu ! Après un apéritif dînatoire pris à bord de l'Otter II qui a rassemblé les trois équipages dans une ambiance toute conviviale, chacun rejoint son bord et s'organise pour la nuit. Je m'en veux encore de ne pas avoir eu le courage de mettre en place mon système anti-roulis. J'y reviendrai... La nuit fut, disons, remuée ! Le roulis est ce qui est le plus désagréable au mouillage car on dirait que une sorte de génie malfaisant donne à chaque mouvement la petite pichenette que l'on apporte aux enfants sur une balançoire pour augmenter l'amplitude des balancements... Le bateau se place naturellement bout au vent mais travers à la houle et, c'est parti !...  La fête commence avec l'insomnie à la clé. Une très mauvaise nuit de sommeil, donc. Au petit matin, très tôt levés car lassés d'essayer de dormir, nous constatons la disparition de SAS³. Nous nous disons qu'ils n'ont pas supporté le roulis et qu'ils y ont mis fin prématurément en changeant de mouillage. Nous aurions préféré cette éventualité car le contact fut rétabli par téléphone en cours de matinée et nous apprit que Ann avait été malade toute la nuit et que vu l'importance des douleurs gastriques ressenties, ils avaient décidés de rallier St Barth plus tôt afin de consulter un médecin. Nous apprendrons plus tard que des calculs à la vésicule biliaire seraient responsables des terribles douleurs qui ont terrassé notre pauvre Ann.

Au vu de ce diagnostic, nos amis avaient bien pris la bonne décision, Barbuda n'étant pas nécessairement l'endroit rêvé où nous voudrions être soignés. Gageons que les soins qui lui seront prodigués la soulageront rapidement, transformant ce pénible épisode en mauvais souvenir.

Avec Umialtak donc, nous levons l'ancre et partons vers Cocoa Bay. Ils font route directe car leur bateau, un plan Caroff en acier, est un dériveur intégral qui leur autorise des rase-motte que nous n'oserions même pas envisager ! C'est donc en marins prudents que nous les rejoignons en faisant le grand tour loin de ces hauts-fonds qui ne sont que des sources de stress dont nous nous passons volontiers. C'est à peine si ce détour nous a pris dix minutes de retard sur eux. L'eau est turquoise, la plage que nous longeons, un peu plus au large que nos amis, est immense et de sable blanc aux reflets rosés dûs à une algue endémique, appelée « reef cement » qui recouvre certaines espèces de coraux propres à Barbuda. C'est magnifique ! L'ancre bien plantée dans ce sable de bonne tenue, nous découvrons les charmes et le confort d'un mouillage idyllique. Pas de roulis. Rien que l'Alizé qui nous apporte l'énergie électrique dont nous avons besoin à bord...

Laissant là le bateau, nous sautons dans l'annexe avec notre petit matériel de plongée et partons à la découverte de la vie du récif tout proche. Quelque peu déçus par l'état des coraux (le corail est cassé et mort, présentant l'aspect d'un éboulis calcaire de couleur blanchâtre), nous découvrons des patates de corail intactes où la vie marine est particulièrement active. Sur le temps d'une petite heure de déambulation le ventre parfois au ras du fond tant la profondeur est faible à certains endroits, nous rencontrerons un bel échantillon de poissons de récifs ainsi que deux beaux lambis (énormes coquillages qui sont au menu de tous les restaurants antillais), une langouste et une belle raie très peu farouche. L'endroit étant une réserve naturelle, pas question de sortir quoi que ce soit de l'eau ! Quant au piètre état des coraux, nous apprendrons le lendemain par notre guide que cette dégradation est la conséquence de la pêche - tenez-vous bien - à l'eau de javel ! Les braconniers, ces enfants de chœur si ingénieux dans leurs illicites pratiques, disposent leurs filets puis jettent de l'eau de javel en amont de ceux-ci ce qui poussent tous les poissons à se sauver droit dedans ! Après, ce sont les coraux qui dégustent. Mais quand donc l'homme cessera-t-il de saloper notre pauvre planète bleue ?...

Après une merveilleuse nuit toute en tranquillité, nous levons l'ancre pour poursuivre notre route vers le nord par l'ouest de l'île et c'est très prudemment que nous nous faufilons entre les récifs coralliens pour atteindre  le mouillage jouxtant le « Codrington Lagoon ». Umialtak nous y a précédé, utilisant à son habitude la route la plus directe. Ils se feront quand même un peu peur quand leur ventre d'acier caressera  le fond ! Nous, malgré les précautions prises en traçant notre route, verrons notre sondeur afficher 3,10 m là où il y aurait dû y avoir plus d'eau... Il nous restait quand même un bon mètre sous la quille mais cela ne nous a pas empêchés de nous faire, nous aussi, notre petite frayeur !

Pour accéder au village de Codrington, il faut faire franchir aux annexes une cinquantaine de mètres de dune qui sépare l'océan de la lagune. Grâce à la jeune équipe d'Umialtak, les deux annexes franchissent cet obstacle sans problème et nous nous retrouvons dans le lagon. Direction Codrington. Nous découvrirons un petit village sans intérêt notoire dans lequel nous ne rencontrons pour ainsi dire personne sauf, chance inouïe, un gentil Monsieur de couleur, que notre amie Josiane identifie immédiatement comme étant le guide dont la photo se trouve dans ses documents de parfaite voyageuse.  Elle l'interpelle aussitôt et nous organise, avec lui bien-sûr, une visite du sanctuaire des frégates et ce pour le lendemain après-midi.

Après une bonne nuit de sommeil sans roulis grâce à l'ingénieux système[1] déjà cité, mais cette fois mis en place, et la matinée consacrée à l'entretien du bateau, nous nous rendons au rendez-vous fixé à 14 heures avec notre guide. Il nous embarque dans sa grande barque à fond plat propulsée par un gros 60 chevaux Yamaha. Il connaît son affaire le Georges. Après être passé au bureau du port pour payer la taxe de visite du sanctuaire, il nous emmène avec une passion non contenue visiter « son » lagon dont il nous raconte l'histoire dans un anglais accentué d'intonations créoles qui m'ont fait rater une partie de l'exposé. Il nous dit notamment que le lagon est une véritable nursery naturelle de langoustes. Elles y naissent et grandissent à l'abri des prédateurs et ce n'est que lorsqu'elles sont prêtes à affronter  leur vraie vie qu'elles s'en vont vers leur vrai domaine : l'océan.

Après un véritable slalom entre les hauts-fonds de ce lagon dont la plus grande profondeur ne dépasse pas les trois mètres, un détour par une balise latérale canadienne ayant dérivé après décrochage depuis le grand nord jusque Barbuda et la récupération dans une de ses nasses de cinq  belles langoustes, nous atteignons le sanctuaire en question qui compte des milliers de frégates. Dès l'approche une multitude d'entre elles nous informent que nous arrivons. Leur vol est majestueux et d'une précision remarquable. Ces magnifiques oiseaux, les plus rapides au monde, profitent du moindre souffle d'air pour se l'approprier aux fins de mille acrobaties. Un spectacle extraordinaire qui sera magnifié au fur et à mesure de notre approche par la proximité que ces superbes oiseaux qui, se sachant probablement protégés, acceptent. Georges, moteur arrêté, pousse sa barque avec une longue perche vers les îlots où sont posés les oiseaux. Ceux-ci ne bougent pas. Ils nous observent de leur oeil noir tout rond ? Il  y a des grands mâles, des femelles et des jeunes de  7 semaines et plus. Impressionnant ! Une véritable nursery dispersée sur une assez grande quantité d’îlots recouverts de buissons dont le feuillage est blanchi de guano. Quelle belle excursion ! Visite terminée, notre ami Georges nous dépose sur la plage près de nos annexes et, cerise sur le gâteau, nous offre, accompagné de son plus beau sourire, les cinq  langoustes ramassées dans son casier ! Umialtak possédant la plus grande casserole, c'est donc à son bord que seront dégustées ces charmantes petites bêtes accompagnées de la sauce créole devenue la spécialité de Marjo.

Le lendemain matin, c'est-à-dire lundi, nous devions retourner au village pour effectuer les formalités de sortie d'une part, et d'autre part pour récupérer ma Master card que l'unique machine à billets du coin m'avait phagocytée samedi. Avec Josiane, de Umialtak, nous effectuons ce parcours assez curieux consistant à passer de la douane à l'immigration, bureaux pour ainsi dire impossible à distinguer des habitations voisines. La banque, mis à part les barreaux aux fenêtres, ne s'en distinguait pas davantage ! Formalités remplies, nous allons donc à la dite banque pour récupérer ma carte. L'employé, appelé spécialement pour cette opération et venu de l'extérieur, nous dit que la machine n'avale pas les cartes ! Avec un calme olympien, il va vérifier sa « certitude », revient, téléphone en « haut lieu », fait visualiser le film de l'opération qui confirme bien notre venue et me voit mettre une baffe à l'appareil... et il nous redit très calmement qu'il est désolé mais que la carte n'est pas à la banque ! Et pourtant, « je suis certain que cette p... de machine m'a boulotté ma carte ! » Vous comprenez l'énervement qui fut le mien, le dépit de devoir rentrer sans ma carte et... la gêne de la retrouver bien rangée dans mon porte-feuille laissé à bord !!!  Encore une de ces absences justifiant mon surnom de Professeur Tournesol dont les séquelles ne s'arrangent manifestement pas avec l'âge ! 

 

En route pour St Barth et nos prochaines aventures... 



[1]   Le dispositif consiste à frapper une aussière sur la chaîne d'ancre et l'embraquer par le davier arrière en laissant filer de la chaîne supplémentaire. Le bateau se présente alors face à la houle et non en travers, position qui engendre le roulis.

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